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Un accord qui fait craindre le pire aux producteurs laitiers d’ici

Les producteurs de lait d’ici ne s’attendaient pas à autant de concessions de la part du gouvernement canadien dans ce nouvel Accord États-Unis-Mexique-Canada.

Un accord qui fait craindre le pire aux producteurs laitiers d’ici

Publié le 16/10/2018

La nouvelle entente entre les États-Unis, le Canada et le Mexique fait craindre le pire aux producteurs de lait de la région immédiate qui y voient non seulement une nouvelle brèche dans la gestion de l’offre qui protège depuis 1971 leur marché, mais aussi des pertes de revenus et peut-être même l’obligation de vendre éventuellement leurs quotas de producteur pour cultiver seulement leurs terres.

Selon le président des Producteurs de lait d’Outaouais-Laurentides, Yvan Bastien, il ne fait aucun doute, en effet, que ce qu’on appelle maintenant l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) aura des répercussions certaines pour les 219 producteurs de lait du vaste secteur qu’il représente, dont environ 106 se trouvent dans les Basses-Laurentides. De ce nombre, il y en a 13 dans la MRC de Deux-Montagnes, 54 dans la MRC de Mirabel et quelques-uns dans la MRC de Thérèse-De Blainville.

«On s’attendait à certaines concessions de la part du gouvernement canadien, mais pas à ce point. C’est sans précédent. Avec ce qui a déjà été concédé dans d’autres accords, c’est pratiquement 10 % de nos parts de marché qu’on a données ces dernières années, l’équivalent de presque un mois de production. Là, on parle d’un manque à gagner de 11 M$ pour notre région, et environ 6,4 M$ pour les régions (MRC) de Deux-Montagnes, Mirabel et Argenteuil» , de commenter, en entrevue téléphonique, M. Bastien, au lendemain de la conclusion de la nouvelle entente.

Payer pour travailler

«Nous, tout ce qu’on veut, c’est de produire du lait de qualité que les consommateurs sont prêts à acheter, pas avoir des compensations» , d’ajouter le président qui croit que certains producteurs, «déjà à la limite» , peineront à payer les factures au bout du mois.

«On ne parle pas de faillites proprement dites, en raison de la valeur des quotas et des terres. Sauf que si on est obligé de payer à chaque mois pour aller travailler, c’est une situation que certains ne pourront endurer longtemps. Et si des producteurs décident de vendre leurs quotas, il n’y a pas d’argent à faire. On les vend au prix qu’on a payé» , d’expliquer M. Bastien.

Notons, au passage, que les 219 producteurs de la région Outaouais-Laurentides détiennent 15 998,23 quotas (kg MG/j), incluant la relève, et produisent plus de 162,2 M de litres de lait (3,6 % de MG) par année.

De nouvelles concessions

Conclue le 30 septembre dernier, rappelons que la nouvelle entente acceptée par le gouvernement canadien, qui vient remplacer l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), concède aux producteurs américains 3,6 % du marché canadien dans le secteur laitier qui était jusqu’alors protégé par le système de gestion de l’offre qui, grosso modo, vise à produire uniquement pour les besoins des consommateurs, sans qu’il y ait de surplus.

Déjà, d’autres concessions ont été accordées dans ce secteur précis lors de la conclusion de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE).

À cela s’ajoute, enfin, la fameuse «classe 7» sur le lait diafiltré, un produit mis au point aux États-Unis et utilisé, entre autres, dans la fabrication industrielle des yogourts, du beurre et du fromage. Cette classe 7 permettait des prix du lait diafiltré plus bas au Canada afin que les transformateurs et les producteurs optent pour un produit canadien plutôt qu’américain pour fabriquer leurs sous-produits laitiers.