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Isabelle Taillon ou le goût de l’excellence

(Photo Michel Chartrand) – Directrice générale du Complexe multisport Saint-Eustache, depuis son ouverture en novembre 2007, Isabelle Taillon rêve d’exploiter le Complexe à son maximum et faire en sorte que les clients puissent y vivre le sport à son meilleur.

Isabelle Taillon ou le goût de l’excellence

Publié le 17/02/2009

Récipiendaire du trophée du Meilleur espoir comme entraîneure de Synchro Canada, en 1993, Isabelle Taillon a voyagé partout à travers le monde, a contribué à l’entraînement de cinq athlètes canadiennes lors des Jeux olympiques de Sydney, en 2000, et a elle-même mené ses troupes lors de ceux d’Athènes, en 2004. Retraitée du monde de la nage synchronisée depuis 2007, elle dirige aujourd’hui le Complexe multisport Saint-Eustache. Portrait d’une femme pour qui le goût de l’excellence se conjugue au quotidien.

Toute petite, Isabelle Taillon adorait les sports et les arts. Elle aimait bouger et dessiner. À 12 ans, de concert avec sa sœur cadette Jacinthe, 8 ans, elle tombe sous le charme de la nage synchronisée. «Ma mère nous avait inscrites, Jacinthe et moi, à la piscine Mathers. Même si les installations n’étaient pas adéquates pour la nage synchronisée, on a vécu là une expérience incroyable», évoque-t-elle.

D’athlète à entraîneure

Quatre ans plus tard, les sœurs Taillon misent le tout pour le tout et adhèrent au Club élite de Dollard-Des Ormeaux. «C’est là qu’on a tout appris», soutient-elle. C’est aussi à cette époque que l’entraîneure en elle a commencé à se dessiner, aux dépens de l’athlète. «J’avais plusieurs qualités en tant qu’athlète, comme la flexibilité et mon côté artistique. Par contre, comme j’étais très mince, je ne flottais pas et j’avais beaucoup de difficulté à retenir mon souffle sous l’eau. Sans compter que je devenais extrêmement nerveuse avant chaque compétition», se souvient-elle.
À 18 ans, en plein milieu d’une année, elle décide d’arrêter de nager. «Pour compenser, on m’a offert de remplacer une entraîneure partie en congé de maternité», relate-t-elle. C’était le début, pour cette jeune femme, d’une longue et fructueuse aventure qui allait paver sa voie pour les années à venir.

En 1997, elle quitte Dollard-Des Ormeaux pour le Club de nage synchronisée de Montréal et accepte, quelques années plus tard, par l’entremise des jumelles Villagos, d’entraîner des nageuses hongroises. Une opportunité déterminante dans la continuité de sa carrière. «Cette expérience m’a permis de repousser les frontières et de voir ce qui se faisait ailleurs dans le monde de la nage synchronisée. À cette époque, je suis allée partout, en Israël, en Italie et en Allemagne, entre autres, pour divers championnats», mentionne-t-elle.

Synchro Canada

En 2003, son Programme national de certification d’entraîneure en nage synchronisée – niveau 4 en poche, Isabelle Taillon accepte l’offre de Synchro Canada et devient entraîneure-chef de l’équipe canadienne. «Je venais d’accoucher, trois mois plus tôt, de mon premier bébé, Matis. Cette offre a provoqué toute une remise en question pour moi, mais avec le support de mon mari et de ma famille, j’ai finalement accepté de relever le défi», explique-t-elle. Même si les mois qui ont suivi ont été très exigeants, Isabelle ne regrette pas cette période de sa vie parce qu’au bout de ces longs mois l’attendaient aussi ses premiers Jeux olympiques, Athènes 2004. «Mes nageuses se sont classées sixièmes en duo et cinquièmes en équipe. J’étais très satisfaite de nos résultats.»

Forte de son expérience olympique, Taillon accepte de demeurer à la tête de l’équipe jusqu’aux Jeux de Pékin, en 2008. Mais avant, cap sur les Championnats du monde de Montréal, en juillet 2005… et c’est enceinte de huit mois de son second fils, Evans, qu’elle y assistera. «Ces championnats sont vraiment le highlight de ma carrière. J’avais été chercher une entraîneure russe pour apporter quelque chose de nouveau et d’unique à l’équipe. Et la chorégraphie se déroulait sur la musique du Sacre du printemps, de Stravinsky. C’était magnifique», se rappelle-t-elle. Sans compter la foule qui a littéralement porté l’équipe canadienne à force d’encouragements et d’applaudissements. «C’est de loin le plus beau moment de ma carrière», souffle-t-elle.

En 2007, un an avant les Jeux de Pékin, Synchro Canada change de direction, compromettant du coup la suite des choses pour Isabelle. «Je ne partageais plus la même vision. Comme je savais déjà que j’allais prendre une pause après Pékin, j’ai décidé de laisser ma place. C’est arrivé un peu plus tôt que prévu, mais avec le temps, je considère que c’est une bonne chose. Après toutes ces années, j’avais vraiment besoin de faire autre chose», confie-t-elle. Cet été-là, après avoir mené son équipe une dernière fois à la compétition (Jeux panaméricains, au Brésil), Isabelle Taillon tire sa révérence. Sans doute, ni regret. Prête à entamer un autre chapitre de sa vie. Que reste-t-il alors de toutes ces années? «Le goût des choses bien faites. Le goût de l’excellence», termine-t-elle.