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<strong><em>«Voici l’homme!»</em></strong>

«Voici l’homme!»

Publié le 10/04/2012

Dans ce siècle des communications (?), les nouvelles locales, surtout celles relatives au hockey et à nos bien ou mal-aimés Canadiens, finissent toujours par nous rejoindre. Gauthier et Gainey congédiés, le sénateur Savard est de retour dans une organisation qu’il n’aurait jamais dû quitter, à la recherche du directeur-gérant bilingue, sociable, bien coiffé et assez malinpour détrousser les autres clubs de leurs meilleurs éléments francophones, québécois de préférence. De plus, ce directeur-gérant devra embaucher l’entraîneur qui fera l’unanimité dans la chambre, motivera et fera gagner l’équipe tout en faisant risette aux médias locaux. Grosse commande!

Si le choix du directeur-gérant laisse plus ou moins froide la majorité des fans, ces derniers ont déjà cependant plébiscité à titre d’entraîneur l’actuel propriétaire, directeur-gérant et entraîneur-chef des Remparts de Québec, Patrick Roy. Je suis bien sûr d’accord, mais comme ce fut le cas tout au long de sa carrière, le célèbre cerbère ne fait pas l’unanimité. Pourtant, le bonhomme a un CV bien rempli, non? À sa première saison professionnelle, il remporte à Sherbrooke la coupe Calder. La saison suivante, il gagne sa première coupe Stanley avec le Bleu Blanc Rouge, exploit qu’il répétera presque à lui seul en 1993, la dernière du CH jusqu’à ce jour. Échangé au Colorado à la suite de sa bataille de coqs avec l’entraîneur Mario Tremblay, il ajoutera deux coupes Stanley avec l’Avalanche à son brillant palmarès de trois Vézina et trois Conn Smythe, sans compter une foule d’autres statistiques tout aussi éloquentes les unes que les autres. À sa retraite, on retrouve le sieur Roy avec les Remparts de Québec où il est entraîneur-chef depuis 2006; le pacha habitué au confort des avions et hôtels de la LNH se tape l’autobus et les motels avec des juniors qu’il réussit à conduire à la Coupe Memorial à sa saison recrue derrière le banc et à quatre championnats de division en six ans. Pas mal!

Côté personnalité, plusieurs, dont mon idole Foglia, émettent des réserves. Arrogant? C’est sûr, mais l’arrogance n’est-elle pas la marque de plusieurs gagnants à commencer par Scotty Bowman, neuf coupes Stanley, dont cinq avec le CH? Arrogants aussi les Mohamed Ali, Reggie Jackson, Michael Jordan, John McEnroe et les sœurs Williams. On lui reproche également les méthodes employées pour parvenir à la victoire. À ce que je sache, les Claude Julien, Michel Therrien et Bob Hartley ne se sont pas privés et continuent d’utiliser ces mêmes bonnes vieilles méthodes. Pour ce qui est du reste, ses mésaventures appartiennent au passé et à sa vie personnelle, des ragots bons pour les paparazzis.

«Voilà l’homme», c’est ainsi que Ponce Pilate a livré le Christ à ses détracteurs. Si Roy devient le coach du CH, il faudra que ce soit pour les bonnes raisons, pas uniquement parce qu’il est le choix de ces fans à la mémoire souvent bien courte. Son bilan hockey étincelant, sa maturité acquise, son expérience derrière le banc et sa profonde connaissance de la LHJMQ font de lui le candidat idéal. Quant à Roy, il connaît assez Montréal pour savoir qu’après le plébiscite, vient parfois et souvent la crucifixion!