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<strong>Passion ou obsession?</strong>

Passion ou obsession?

Publié le 20/08/2014

Dimanche dernier, Mont-Tremblant recevait son troisième Ironman. D’abord, précisons que l’Ironman est une version commercialement amplifiée du triathlon olympique. Ce dernier est une épreuve inscrite aux JO depuis 1994 et combine la natation sur 1,5 kilomètre, le cyclisme sur 40 kilomètres et une course à pied de 10 kilomètres. Comme ce n’était probablement pas suffisamment spectaculaire et démesuré pour nos voisins du Sud, ceux-ci ont inventé l’Ironman. Celui-ci exige de ses compétiteurs immensément plus que ce que les athlètes olympiens doivent accomplir, soit 3,8 kilomètres à la nage, rouler 180 kilomètres à vélo et un marathon complet de 42,2 kilomètres. Et vous savez quoi? À Tremblant, ils étaient près de 3 000 à participer à cette épreuve. Et de ce nombre, on en comptait plusieurs de toutes les régions du Québec et sûrement plus d’une trentaine de notre entourage immédiat. Une bande de masochistes, vous pensez?

L’Ironman typique n’a rien d’un Obelix tombé dans la potion magique à la naissance. La Presse + rapportait, ce dernier dimanche, le cas de ce Français hémiplégique à la suite d’un grave accident d’auto. Treize ans de rééducation intensive lui ont tracé la route vers l’Ironman. Pour d’autres, les motivations sont variées; perte de poids, accident cardiaque, recherche d’une meilleure santé, échappatoire au stress du boulot ou de la vie quotidienne, accomplissement de soi, nommez-les, il y en a autant qu’il y a d’Ironmen et aussi d’Ironwomen. Ça commence comme ça; un petit jogging en solo avant ou après le boulot pour se donner un coup de pied matinal ou prendre l’air et relaxer. On rencontre un voisin ou une connaissance qui s’y adonne aussi, on se joint à un club, on court d’abord un 5 kilomètres, on s’inscrit à un premier marathon, puis à un deuxième. On améliore son temps, on veut aller plus vite et se dépasser, nous voilà à Ottawa, à Québec puis à Boston. Et le marathon ne suffit plus, c’est de la petite bière. Ironman, yes! On nage, on roule et on court. On est en santé, on surveille son alimentation, on nous voue admiration et respect et surtout, j’espère, on se sent bien dans sa peau.

Mais comme dans la vie, les miracles n’existent pas vraiment. Vous aurez compris qu’il y a des contraintes qui viennent avec ce bien-être que procure la bonne forme. Lever tôt pour l’entraînement, douleurs physiques à surmonter, discipline de fer pour persévérer, volonté à toute épreuve pour résister aux excès de table ou de la dive bouteille, week-ends consacrés à l’entraînement ou à la participation aux compétitions plutôt qu’aux pique-niques familiaux, voilà quelques-unes des embûches à franchir. Pour en avoir discuté avec plusieurs athlètes de haut niveau, vous comprenez d’ores et déjà que l’adhésion de la famille est un ingrédient sine qua non à l’accomplissement du rêve de l’Ironman. Et après avoir vécu l’euphorie du succès et du dépassement, il faut revenir sur terre. «Avoir été dans l’espace public durant tout ce temps et retourner dans l’anonymat, c’est plus difficile qu’on le soupçonne», me confiait Gilles Gosselin au lendemain de son épique triple Ironman de juillet dernier. L’admiration de l’entourage, l’adulation sur la place publique via les médias conventionnels ou sociaux, on ne s’en guérit pas du jour au lendemain.

Plusieurs athlètes de la région ont participé à l’Ironman de Tremblant ce dernier week-end et l’Éveil et La Concorde se feront un grand plaisir de souligner votre exploit. Je souhaite seulement que c’est pour vous, et uniquement pour vous, que vous serez parvenus à vous dépasser, car, comme l’aurait dit le notaire LePoitiron ou Bernard Landry: «Sic transit gloria mundi