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<strong>Niveler vers le bas</strong>

Niveler vers le bas

Publié le 07/11/2012

Ainsi, nous apprenions la semaine dernière que les équipes les plus réfractaires à une entente «gagnant-gagnant» pour mettre fin au lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) compteraient notamment dans leurs rangs les propriétaires des Blue Jackets de Columbus, des Panthers de la Floride, des Islanders de New York et des Coyotes de Phoenix. Tiens tiens, les plus radicaux des propriétaires, ceux qui préfèrent annuler la saison plutôt que d’en venir à une entente négociée, sont aussi les propriétaires d’équipes les moins solides d’un point de vue financier.

Rien de plus normal, me direz-vous, que des propriétaires qui peinent à s’établir dans leurs marchés respectifs veuillent à tout prix arracher le maximum de revenus étant donné qu’ils ne sont pas en mesure d’attirer la masse critique de partisans pour bien faire rouler leur business.

Sauf que dans un contexte où le commissaire de la Ligue, le très sympathique Gary Bettman, n’a besoin que de l’appui de huit propriétaires d’équipes pour mener à bien ses projets, force est de constater que l’on donne beaucoup trop de poids aux cancres du système.

Il ne faut pas non plus oublier que pour plusieurs équipes – c’est le cas du moins de Columbus et de Phoenix –, l’expansion de la Ligue nationale de hockey dans ces villes (des marchés moribonds qui ont perdu, perdent et perdront de l’argent) a été orchestrée par l’ami Gary, et que ce dernier voudra très certainement s’assurer du succès de ses orientations au détriment du gros bon sens en affaires, qui consiste à occuper les marchés qui vous permettent de faire des profits. Le pire dans tout ça, c’est que les directeurs généraux de ces mêmes équipes ont accordé des contrats mirobolants alors que la logique économique était affreusement bafouée. On comprend mieux pourquoi ces mêmes propriétaires refusent maintenant de respecter les ententes signées à long terme.

Autre élément: dans quel autre contexte corporatif les entreprises les plus médiocres d’un groupe organisé en monopole dictent-elles les règles pour la conduite des affaires? Il est vraiment immoral que des organisations qui font le plus d’argent, dont Montréal, Toronto et Détroit, celles-là mêmes qui fouillent dans leur poche en raison du système de péréquation établi, n’aient pas voix au chapitre plus que ça.

Néanmoins, le dossier des négociations progresse, même si c’est à pas de tortue. À reculons, à coups de valses-hésitations et de rechutes, c’est vrai, mais il avance tout de même. Au moment d’écrire ces lignes, une première rencontre de négociation était prévue cette semaine après les échanges de la mi-octobre entre les deux parties, qui s’étaient soldés par un refus net des propriétaires, sur les trois options présentées par les joueurs.

Impossible, cependant, de ne pas entrevoir cette nouvelle ouverture de la part des propriétaires comme une autre tactique du commissaire Bettman pour mener les négociations comme il le veut bien, avec comme objectif de créer de faux espoirs chez les joueurs – et les partisans – en vue d’augmenter la pression et de leur faire lâcher le morceau. Selon Gary, il semble que l’avenir de la LNH se fasse en nivelant vers le bas.