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<strong>Ne pleure pas Jeannette</strong>

Ne pleure pas Jeannette

Publié le 05/09/2012

Il y a quarante ans, se déroulait la plus légendaire série de hockey jamais disputée, les méchants «communisses» contre les bons Canadiens. Si vous ignorez ce dont je parle, votre culture hockey est nulle. Ils sont venus, ils ont vu et ils ont presque vaincu, les méchants Boris. Quarante ans plus tard, les Russes qui sont parmi les meilleurs pointeurs de la LNH et plusieurs de leurs confrères nord-américains se demandent s’ils ne passeront pas la prochaine saison dans la KHL ou ailleurs en Europe. En effet, au moment d’écrire ces lignes, joueurs et propriétaires d’équipe de la LNH foncent droit sur le mur de la grève ou du lock-out, selon celui qui sera le plus rapide à décréter l’un ou l’autre.

Le conflit qui oppose l’Association des joueurs aux propriétaires d’équipes n’a rien de bien différent de celui des travailleurs d’usine confrontés aux actionnaires; l’un ne veut pas céder ses acquis et l’autre veut augmenter le rendement de ses actions. L’énorme différence se situe au niveau des honteusement ridicules sommes en jeu et du capital de sympathie pour l’une ou l’autre des parties impliquées. D’abord, les propriétaires. Si d’une part on peut comprendre que ceux qui prennent les risques et essuient les revers financiers, si revers il y a, veulent améliorer le rendement de leur mise de fond, il y a d’autre part lieu de questionner leur gestion des faramineux contrats accordés à leurs vedettes. Quel plus bel exemple que celui de l’offre hostile des Flyers à Shea Weber, 110 M$ sur 14 ans. Les Predators de Nashville, la capitale de la musique country, n’ont apparemment eu d’autre choix que d’égaler cette offre pour «envoyer comme message à leurs partisans qu’ils maintiennent leur engagement de présenter un club pouvant rivaliser pour la Coupe Stanley.» Des niaiseries de ce genre, il y en a eu plein lors de la dernière ronde de signature d’agents libres. Comment se convaincre du sérieux des proprios lorsque ces derniers mettent tout en œuvre pour faire sauter ce plafond salarial qu’ils ont eux-mêmes fixé?

Quant aux joueurs, leur convention collective fixe le salaire annuel minimum à 525 000 $ en 2012. En additionnant le salaire annuel de tous les employés de dépanneurs de la ville, je me demande si on parviendrait à égaler cette somme. Comment Jos Public, dont le salaire moyen se situe autour de 40 000 $, peut-il sympathiser avec ces athlètes choyés? Si on dit de nos étudiants qu’ils sont des «bébés gâtés», comment alors qualifier ces surdoués d’un sport millionnaire? Oui, ce sont leurs talents et leurs prouesses qui permettent à la LNH d’engranger des profits en constante progression, mais n’y a-t-il pas une limite tant au niveau de leur salaire que des profits réalisés par la LNH? Finalement, l’amateur. Qu’il cesse de pleurer sur son sort en se plaignant que c’est lui qui va payer le prix de cette grève ou lock-out. On s’insurge des salaires versés aux joueurs, mais dans une même phrase on blâme l’équipe qui refuse de se plier aux exigences de sa vedette qui exige mer et monde pour demeurer avec l’équipe. Et lorsque cette vedette ne produit pas, on se demande quel crétin a bien pu lui accorder un tel contrat. On crie contre les profits, mais on n’hésite pas à débourser 150 $ pour assister à un match quelconque ni à s’offrir une bière à 10 $. Tant et aussi longtemps qu’on souscrira au bon vieux principe de l’offre et de la demande, les profits, les salaires et les prix continueront de grimper. Le boycott serait sans doute la meilleure solution, mais je rêve…!