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<strong>Les pieds dans les plats</strong>

Les pieds dans les plats

Publié le 30/04/2014

Les propos racistes tenus au cours des derniers jours par le propriétaire des Clippers de Los Angeles, Donald Sterling, à propos des Noirs sont affreusement désolants. Résumons les faits. Ce propriétaire du club de basketball évoluant dans la NBA, qui a plus de 80 ans au compteur, a demandé à sa petite amie d’une vingtaine d’années de ne plus publier sur les réseaux sociaux de photos d’elle avec des personnes de couleur noire, même s’il s’agissait, entre autres, d’une photo prise en compagnie de… Magic Johnson. L’enregistrement de cette conversation, faite par la petite amie en question, elle-même issue des minorités visibles, a fait les choux gras de la presse au cours des dernières heures.

Si les propos du personnage sont tout à fait condamnables, il est étonnant de voir tout d’un coup la flopée de personnalités publiques issues de ce même milieu jouer aux vierges offensées face à de tels agissements. Car il faut bien le préciser, Sterling se frotte à tout ce beau monde depuis le début des années 1980, où il a acquis la franchise de la NBA. Il est même l’un des propriétaires d’équipe qui a le plus d’ancienneté dans la ligue. En plus de trente ans de relation d’affaires, ses employés, partenaires financiers et homologues propriétaires n’auraient jamais été témoins de tels commentaires de la part du monsieur? Vraiment?

Au moment d’écrire ces lignes sur Donald Sterling, on apprenait que le commissaire de la NBA, Adam Silver, allait faire une déclaration, mais qu’il n’avait pas encore annoncé la décision de son organisation quant aux sanctions à prendre contre le propriétaire fautif. Il semble d’ores et déjà exclu d’obliger Sterling à se départir de son club de basket. Après tout, la Ligue aurait beau crier au loup, il reste que la franchise est loin d’être une équipe en difficulté (eh oui, l’argent mène le monde…). Des suspensions et ou amendes sont toutefois possibles, même si, dans les faits, ces mesures auraient bien peu d’effet sur l’homme d’affaires milliardaire.

C’est plutôt du côté des commanditaires que pourrait venir le premier coup de semonce. Si quelques-uns d’entre eux en venaient à larguer définitivement l’équipe, ce sont encore malheureusement les pressions financières qui risqueraient de faire bouger les choses plus rapidement. Plusieurs hypothèses ont été avancées au cours des dernières semaines. Notamment, qu’un groupe d’affaires mené par l’ex‑star de la NBA Magic Johnson serait prêt à reprendre les rênes de l’équipe.

Pour l’heure, et c’est là une belle démonstration de solidarité, les joueurs des Clippers ont tenu à manifester leur désaccord envers les propos racistes tenus par leur grand patron. En guise de protestation, ils ont revêtu leur chandail d’échauffement à l’envers, le week-end dernier. Ils s’en sont ensuite débarrassés dans le milieu du terrain. Ils portaient aussi des brassards, poignets et des bas noirs, en guise de solidarité.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le propriétaire a manqué non seulement de respect, mais aussi de jugement dans cette affaire, et on pourrait espérer que les fans de la ligue entière lui fassent payer cher ses propos. À l’opposé, il serait navrant que l’équipe en tant que telle, elle aussi victime des propos blessants du milliardaire, subisse les foudres de la foule.