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<strong>Le rêve américain, version Casey

Le rêve américain, version Casey

Publié le 21/06/2012

Même si son aventure au US Open de la fin de semaine dernière s’est écourtée (il n’a pas résisté à la coupure, remettant une carte de pointage de +9 après les deux premières rondes), on ne peut que souligner la détermination de Casey Martin. Sa seule présence aux activités de milieu de semaine d’un des quatre tournois majeurs de la PGA est en soi une victoire, à bien des niveaux, pour le golfeur américain originaire d’Eugene, en Oregon.

Tout d’abord, Casey Martin est atteint d’une maladie congénitale rare, le syndrome de Klippel-Trenaunay-Weber, une malformation à une jambe qui rend extrêmement difficiles, et même dangereux ses déplacements. Il s’agit d’une maladie pour laquelle il n’existe pas encore de traitement curatif (comprendre: qui permet de guérir), mais seulement des traitements symptomatiques.

Le simple fait de continuer à être actif sur le plan physique est en soi méritoire, imaginez qu’il réussit à performer à un niveau qui lui a donné la chance d’atteindre les rondes préliminaires du US Open de 2012, après des tournois de qualification qui ont été tout sauf faciles, et qu’il a terminés au Emerald Valley Golf Club.

Malgré quelques revers au cours de sa carrière, Casey Martin a tout de même terminé en 23e place à ce même tournoi en 1998, probablement sa meilleure période sur le plan professionnel, obtenant aussi des exemptions pour l’école de qualification (ce qu’on connaît maintenant comme le circuit Nationwide) à cette même époque.

Mais le golfeur américain n’avait pas assez de tenir tête aux meilleurs golfeurs de la planète, il a fallu qu’il se batte contre le circuit de la PGA pour obtenir le droit d’utiliser une voiturette de golf pour ses déplacements sur le parcours. Il a obtenu gain de cause en 2001, s’appuyant sur le Americans with Disabilities Act, une loi adoptée chez nos voisins du Sud établissant une interdiction de discrimination sur la base d’un handicap. Traditionnellement, la PGA obligeait chaque participant à marcher entre chacun de ses coups. La Cour suprême des États-Unis en a décidé autrement, dans une décision remportée à 7 juges contre 2, statuant que Martin voyait ses droits bafoués.

À l’époque, le PGA Tour avait dû essuyer de vives critiques de la part de l’opinion publique. Les représentants du circuit professionnel américain estimaient alors que la marche faisait partie des fondements de la compétition, et que le fait de permettre à un joueur l’utilisation d’une voiturette lui donnerait un avantage indu par rapport aux autres golfeurs, en plus d’ouvrir la voie à toutes sortes d’excès, comme si la permission donnée à Casey Martin allait ouvrir un panier de crabes. Force est de constater que le tsunami de réclamations appréhendées par la PGA n’a pas eu lieu, se limitant à quelques demandes d’utilisation de voiturettes au cours des années qui ont suivi.

Actuel entraîneur-chef de l’équipe de golf masculine de l’Université d’Oregon, Casey Martin n’a pas participé à beaucoup de compétitions relevées au cours des dix dernières années, mais ses accomplissements méritent d’être soulignés, peu importe que l’on soit d’accord ou non avec la justice américaine.