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<strong>Le <em>free-for-all </em></strong><strong>de la LNH</strong>

Le free-for-all de la LNH

Publié le 17/04/2012

Le free-for-all. Il n’existe pas d’expression plus parfaite pour définir la situation qui retient l’attention dans la Ligue nationale de hockey (LNH): les coups salauds qui se donnent sur les patinoires au cours des séries éliminatoires. Prenez-la de n’importe quelle façon, au sens propre ou au sens figuré, traduisez-la en français ou en japonais, et vous trouverez toujours un sens qui s’y applique. Essayons pour voir: gratuit comme dans «geste gratuit», celui donné par Shea Weber à Henrik Zetterberg à la fin du 1er match de la série Detroit-Nashville la semaine dernière. Saisir la tête de son adversaire et la planter dans la bande par frustration, c’est tout à fait stupide et indigne d’un athlète et d’une ligue professionnelle. «Gratuit» aussi parce que le capitaine des Predators a reçu une amende de 2 500 $ pour son geste. Aucune suspension. Si je calcule bien, avec son contrat de 7,5 millions de dollars cette année, il doit donc remettre 1 $ à la Ligue pour chaque tranche de 3 000 $ de salaire qu’il reçoit. Demandez-lui donc de sortir son p’tit change, tant qu’à y être.

Lorsque Brendan Shanahan est entré en poste comme préfet de discipline à l’été 2011, à peu près tous les observateurs – à l’exception de Don Cherry, c’est vrai – souhaitaient qu’il applique une politique juste et ferme en matière de coups salauds dans la LNH. Un des premiers gestes d’éclat qu’il a posés, la suspension de huit matchs de saison régulière donnée à James Wisniewski pour une mise en échec à la tête assénée à Cal Clutterbuck, du Wild du Minnesota, a donné le ton. Au fur et à mesure que la saison avançait, Shanahan expliquait, détails à l’appui, les raisons des suspensions qu’il imposait. Rien de plus normal, car il devait asseoir son argumentation sur des bases solides, pour justifier ses décisions et, aussi, tracer la ligne entre les gestes acceptables et ceux qui ne le sont pas. Puis, vers la fin de la saison, on a senti un changement de mentalité dans son approche: au lieu de continuer à justifier des sanctions sévères, il s’est mis à justifier les raisons pour lesquelles il n’avait pas sévi.

Les présentes séries nous amènent à conclure que la bonne vieille LNH est de retour. Shea Weber sur Henrik Zetterberg, Carl Hagelin qui sonne les cloches à Daniel Alfredsson, Matt Carkner qui se rue sur Bryan Boyle, Arron Asham qui donne un double échec au visage de Brayden Schenn. C’est du free-for-all ça aussi, en raison de la politique du «deux poids, deux mesures» qui est appliquée dans les sanctions. Au moment d’écrire ces lignes, les détails des suspensions n’avaient pas encore été précisés, mais je suis prêt moi aussi, comme Shea Weber, à mettre un ou deux dollars en jeu et à vous parier que si des gars comme Asham ou Hagelin obtiennent des deux ou trois matchs de suspension, d’autres joueurs, dits «de concession», s’en tireront avec des tapes sur les doigts pour le même genre de coup.

Pendant ce temps, des joueurs étoiles comme Daniel Sedin, Henrik Zetterberg, Ryan Miller et Daniel Alfredsson sont-ils vraiment obligés de payer le prix pour donner un bon spectacle aux amateurs? Poser la question, c’est y répondre.