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<strong><em>«Ils feront pas les détails.»</em></strong>

«Ils feront pas les détails.»

Publié le 29/02/2012

Quand j’étais petit garçon, il y a de cela très très longtemps, c’est comme ça que nos pères et Henri Richard appelaient les séries de fin de saison, «les détails». Pourquoi désigner ainsi les éliminatoires, je n’en ai aucune idée. Vrai que dans ce temps-là, on avait un drôle de langage. Ainsi, la cuisinière, c’était notre mère, pas le poêle, le petit voisin était sourd, pas malentendant, et dans nos classes on avait des «paquets de nerfs» et non des TC (trouble de comportement). Et quand nos pères disaient «Ils feront pas les détails», ils ne parlaient jamais ou presque des Canadiens de Montréal, et ça aussi, ça a bien changé. Lorsque la LNH ne comptait que six clubs, ceux qui ne faisaient pas les «détails» étaient généralement les pauvres équipes de Chicago et New York, parfois Boston. Mais jamais, au grand jamais Montréal, Toronto et Détroit. Dans ces années dites de «Grande Noirceur», le ciel québécois s’éclaircissait au printemps pour faire place aux «détails» dans lesquels les Richard, Béliveau, Geoffrion, Plante, Harvey et autres ne manquaient jamais de briller. Les Canadiens sont sortis 24 fois vainqueurs de ces «détails», dont cinq fois consécutivement, quand j’étais jeune. Que l’imparfait est donc imparfait!

À cette époque toujours, les Canadiens avaient à leur tête des Frank Selke et Sam Pollock au 7e étage et des Toe Blake et Scotty Bowman derrière le banc. Ces hommes-là ne parlaient pas nécessairement le français, mais ce n’était pas obligatoire puisqu’ils passaient le plus clair de leur temps à diriger l’équipe, pas à donner des conférences de presse. Seraient-ils aussi efficaces dans le contexte actuel de trente équipes, d’agents libres millionnaires et de plafond salarial? Sans doute, parce qu’ils étaient toujours un pas devant les autres. Selke et ses hommes faisaient signer la formule C aux prospects de 14 ans, Pollock a convaincu ses pairs qu’il devait avoir le premier droit sur les deux meilleurs Québécois, Blake a fait ronger son frein à Yvan Cournoyer avant qu’il ne devienne une vedette et capitaine du Canadien, et Bowman a fait de même avec Guy Lafleur. On ne les a pas toujours aimés et louangés, mais 15 coupes Stanley en 24 ans, de 1956 à 1979, ça vous dit quelque chose?

«Ils feront pas les détails» cette année et cette fois, on parle bien du CH. Blessures aux joueurs-clés et manque de talent? Pas sûr et sûrement pas seulement. C’est surtout vers le 7e étage et derrière le banc qu’il faut regarder. Repêchages déficients, développement mal géré, surévaluation à l’embauche des agents libres, embauche d’un entraîneur unilingue mais surtout intérimaire, surutilisation douteuse d’un Gomez définitivement en perte de vitesse, n’en jetez plus, la cour est pleine. Bref, «ils feront pas les détails» parce que les Gauthier, Gainey, Martin et Cunneyworth n’ont pas su maintenir bien haut le flambeau tendu par les Selke, Pollock, Savard, Blake et Bowman. Au moment d’écrire ces lignes (lundi matin), on en est peut-être à faire le ménage dans la chambre des joueurs. Il ne faudra pas oublier de décrotter le 7e étage avant la prochaine séance de repêchage.

Un instant Monsieur Coderre!

Ça prend bien un politicien pour faire de la démagogie sur le dos d’une célébrité décédée. Rebaptiser la station de métro Pie-IX au nom de Gary Carter? Pensez pas qu’on a suffisamment de célébrités sportives québécoises décédées ou pas qui mériteraient un tel honneur? Donner le nom de Gary Carter à un terrain de baseball, ça va, mais une station de métro? Respirez donc un peu par le nez, Monsieur Coderre.