logo journal leveil
icon journal
<strong>Entre fierté et arrogance</strong>

Entre fierté et arrogance

Publié le 09/10/2012

N’ayez crainte, je ne vais pas encore vous parler de golf! Oui, un peu quand même, mais pas pour le sport lui-même, mais plutôt pour illustrer cette tendance vers l’arrogance qui se manifeste de plus en plus dans le sport, que ce soit au golf, au hockey, au baseball, au football américain aussi bien qu’européen ainsi que probablement dans tous les autres sports, y incluant peut-être la danse sportive.

Lors de la dernière Coupe Ryder (golf) disputée en banlieue de Chicago, nous avons assisté à de drôles de comportements de la part de joueurs pratiquant un sport reconnu pour son décorum. Or, nous avons vu l’Américain Bubba Watson demander à la foule de crier alors qu’il effectuait son coup de départ dès le 1er trou. Pour ne pas être en reste, l’Anglais Ian Poulter a répété le geste le lendemain devant un Watson aussi médusé qu’amusé. Et que dire de Keegan Bradley qui brandissait le poing et haranguait la foule au moindre de ses coups d’éclat. L’Écossais Paul Lawrie a d’ailleurs critiqué la foule américaine qui, dit-il, encourageait les siens en souhaitant avec force cris un mauvais coup des Européens. La foule ne faisait cependant que réagir à ces élans de patriotisme mal placés, mais la réaction de Justin Rose envers Phil Mickelson après sa victoire a heureusement remis le golf au rang de sport de classe.

Au hockey, que nous ne voyons pas beaucoup ces temps-ci, nous assistons au même phénomène. Au moindre but, le compteur y va de son numéro de célébration, aussi farfelus les uns que les autres. Et j’en viens presque à espérer qu’un de ceux-là finisse par s’autoblesser. Le petit clin d’œil de Patrick Roy à Tomas Sandstrom, je veux bien, mais Alexander Overchkin qui se projette dans la baie vitrée, avouez que ça fait un peu beaucoup, beaucoup trop si vous voulez mon avis. Les footballeurs européens qui glissent en déchirant leur dossard, les footballeurs américains qui exécutent leur danse tribale après un touché, les joueurs de baseball qui pointent leurs doigts au ciel ou pire, vers le lanceur adverse, voilà autant de manifestations d’arrogance qui dénaturent l’esprit de toute compétition sportive.

Bien qu’il faille comprendre que le sport professionnel est devenu un «big business» et un spectacle encore plus gros, je me demande sincèrement si tous ces gestes d’arrogance et de provocation sont nécessaires et ajoutent au spectacle. Un but marqué à la Mario Lemieux, à la Sydney Crosby ou à la Alexander Ovechkin est un spectacle en soi, pas besoin d’en rajouter avec une manifestation ridicule. Un roulé de 60 pieds à la Tiger Woods est aussi un spectacle en soi, tout comme un attrapé dans la zone des buts après une passe de 60 verges ou un top corner à la Zidane. Qu’un joueur manifeste sa fierté d’avoir réussi un coup gagnant en levant le ou les bras, qu’une équipe célèbre sa victoire en sautant sur le terrain ou sur la glace, rien de plus naturel. Mais de poser ce geste à la face de l’adversaire terrassé me semble tout à fait provocant et ignare. Sous le prétexte du spectacle, on se permet un tantinet trop d’arrogance. Une franche et respectueuse poignée de main comme l’ont fait Rose et Mickelson lors de la dernière Coupe Ryder, voilà ce que les jeunes athlètes devraient retenir comme exemple. La fierté est une chose, l’arrogance en est une autre, beaucoup moins jolie celle-là.