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<strong>Émotions</strong>

Émotions

Publié le 08/05/2013

Le hockey des séries éliminatoires n’a rien à voir avec celui de la saison régulière. Chaque match rapproche soit de l’élimination, soit de la victoire finale. Et, de faire affronter une quarantaine de fiers compétiteurs entre quatre et sept matchs consécutifs ne fait qu’aviver la rivalité et le degré d’émotions. Ah! ces émotions qui font vibrer les spectateurs sur place et les téléspectateurs pas si calmement que ça bien installés dans leur fauteuil. Mais pour ceux qui sont sur la glace, c’est avec prudence qu’il faut les manipuler, ces émotions. Bien canalisées, elles peuvent se transformer en une énergie formidable. Si toutefois, on les laisse nous emporter, elles peuvent tout aussi bien conduire directement à un échec sans appel. Et il ne faut pas se raconter de blagues, ces émotions sont également les meilleurs vendeurs pour tous les médias impliqués dans le sport.

Ce billet est celui d’un partisan du CH, donc probablement dénué d’objectivité, un concept de toute façon utopique. Jeudi dernier donc, premier match de la série Montréal-Ottawa. Renaissance de cette rivalité Montréal-Québec qui a si bien profité aux organisations des deux équipes, aux brasseries commanditaires et aux médias? Il n’aura fallu que 33 minutes de jeu pour allumer la mèche! Le Sénateur Eric Gryba assomme littéralement le Danois Lars Eller d’une furieuse mise en échec à la tête. Les Canadiens perdent leur meilleur joueur des derniers matchs, l’énergique trio qu’il formait avec les recrues Galchenyuk et Gallagher est démembré et les Sénateurs se retrouvent avec un défenseur d’occasion suspendu pour deux matchs. Pour l’entraîneur MacLean, «c’est une mise en échec de hockey» et il n’y a rien à y faire tandis que Therrien se montre plus indigné du manque de respect envers Diaz que du coup porté à l’endroit d’Eller, qu’il refuse d’ailleurs de commenter à l’issue du match.

Le lendemain, malgré l’absence de trois réguliers (je m’abstiens du terme «joueurs-clés», surtout dans le cas de l’inutile Pacioretty), le CH revient à son jeu de teigneux, toujours dans la face de l’adversaire, joue juste assez physiquement, évite le banc des punitions et revient dans la série avec une belle performance d’à peu près tout le monde et de Carey Price. Dimanche, malgré tout le respect que je dois à la puissance des lancers du jeune Pageau, Price accorde deux buts faciles et alors en déficit de 4-1, on décide qu’il est temps de venger Lars Eller. Erreur! David qui plante Goliath, c’est une légende biblique. Quand tu es armé d’une petite fronde (mon oncle disait un slingshot), tu ne te bats pas avec le gars qui a la bombe atomique. Les pauvres bagarreurs du CH se sont fait culbuter par les costauds d’Ottawa qui ont montré aux visiteurs qui étaient les maîtres dans leur cour. Et pour en rajouter, MacLean qui demande un temps d’arrêt lorsque son équipe menait 6-1 avec quelques secondes à faire dans le match. «Du stuff de junior», aurait dit Jacques Lemaire, mais un petit jab qui nous eut fait bien rigoler eut-il été posé par Therrien dans les mêmes circonstances.

J’écris ce billet à la veille du quatrième match. Les hommes de Therrien sauront-ils se relever de cet affront? Possible, mais pour ça, il faudra mettre sur la glace des joueurs qui peuvent et veulent jouer comme l’équipe l’a fait durant la saison et le deuxième match, avec émotions contrôlées. Si Pacioretty et Gionta sont blessés, qu’on les remplace par les mêmes jambes qui ont patiné vers leur seule victoire jusqu’ici. Et en passant, est-ce qu’Emelin manque au CH dans cette série?