Lors du premier confinement, marchant quotidiennement avec ma conjointe le long dudit fossé, j’avais même lancé l’idée de prendre du temps pour le nettoyer, mais avant même d’avoir pu passer à l’action, tout avait été nettoyé. Sur le coup, j’ai pensé que la ville avait enfin envoyé du personnel prendre soin du peu de verdure qu’il nous reste en raison de la déforestation massive qui s’opère de manière non coordonnée dans la ville afin de simplement construire le plus possible, au diable l’aménagement, l’urbanisme et la nature.
Quelle surprise alors j’ai eue lors de cette marche il y a quelques jours de cela de croiser un vieil homme avec sa Caravan, plié en deux à ramasser des objets indésirables. Pensant qu’il était probablement le propriétaire de ces derniers terrains immaculés, je l’ai interpellé pour discuter avec lui et lui mentionner à quel point ce qu’il faisait était honorable. Ce dernier a bien ri quand j’ai suggéré qu’il était le tenant de cette forêt. Il m’a dit qu’ayant grandi et passé sa vie dans ce village devenu ville, il avait décidé depuis les six dernières années de prendre le temps que lui a libéré sa retraite pour nettoyer chez lui.
Non seulement cet homme au grand cœur avec un respect immense pour sa terre d’accueil et son territoire nettoyait le fossé le long du boisé, mais il m’expliqua qu’il se promenait tout le long de la ville, des routes aux rangs de campagnes en passant par sous les ponts, pour effectuer des opérations de nettoyage. Il me montra ses trouvailles, principalement les objets cités plus haut, mais il me questionna sur ces nouveaux contenants blancs qu’il trouvait de plus en plus. J’ai ri tristement voyant le logo SQDC. Quand je l’ai remercié pour son dévouement et combien cela m’avait ravivé l’âme de voir qu’il y avait encore du monde prêt à se salir les mains pour une cause noble, l’homme de maintenant 82 ans s’exclama en souriant que cela le gardait en forme et il conclut en disant : « Peut être qu’à force de me voir ramasser leurs déchets les gens finiront par avoir honte de tout jeter par la fenêtre et qu’ils vont changer ».
Je désirais partager ce moment simple, mais surtout mettre en lumière cet inconnu exceptionnel qui fait une différence depuis maintenant 6 ans en luttant dans l’anonymat contre l’usage unique d’une multitude d’objets que plusieurs jettent nonchalamment après utilisation. Je tenais personnellement à le remercier de rendre ce boisé plus attrayant et j’espère que ce message d’espoir et de bonté se rendra jusqu’à ses oreilles. Sinon, je suis convaincu que je le recroiserai un jour, courbé en deux, un sac à la main, mais avec le sourire du juste aux lèvres.
Jonathan Brisebois-Lépine
MOTS-CLÉS
Saint-Canut