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Ça ne change pas le monde?

Ça ne change pas le monde?

Publié le 14/05/2017

Gagner des millions à la loterie, voilà bien un plan de retraite instantané qui fait rêver le moindre bipède civilisé. Mais une fois qu’on a tout acheté, que reste-t-il? C’est la question initiale qui se pose dans La liste de mes envies, pièce qui sera présentée le vendredi 12 mai, à la salle du Zénith, et qui met en vedette Marie-Chantal Perron.

Avant d’être une pièce, La liste de mes envies fut d’abord un roman à succès paru en 2012 sous la plume de l’auteur français Grégoire Delacourt, que la comédienne avait croisé sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, alors qu’il était invité à parler de ce bouquin.

Un coup de cœur

«Quelque temps après, j’ai lu le roman et j’ai été vraiment touchée par la vie de cette femme-là, propriétaire d’une mercerie, qui du jour au lendemain se retrouve avec une somme de 18 547 301 $. Au lieu de se demander tout ce qu’elle pourrait acheter, elle réfléchit plutôt à tout ce que ce montant-là pourrait soustraire à sa vie» , exprime Marie-Chantal Perron, en entrevue téléphonique. «C’est une femme qui a peur, qui n’est pas téméraire. Le peu d’acquis qu’elle a, elle y tient. Ce gros lot arrive comme un grand bouleversement. Elle a besoin de ce temps de réflexion» , dit-elle encore.

Cette femme-là, c’est Jocelyne Guénette, 47 ans, qui choisit de ne pas encaisser le chèque, de le cacher, plutôt et qui fait part de ses réflexions au public, dans un exercice où le quatrième mur est parfois aboli. «Je trouvais ça intéressant comme point de vue, qui ne fait pas dans la morale. L’argent est l’élément déclencheur, mais après coup, ça amène à une réflexion sur ce qu’on aime dans la vie et que l’argent ne pourrait remplacer» , dit-elle.

Ce fut alors un véritable coup de cœur, tant pour la pièce que le personnage («C’est comme quand on se fait un ami, on ne sait pas pourquoi on l’aime, mais on est bien avec lui» ), et c’est à son initiative que la chose s’est retrouvée entre les mains de Maryse Warda (traductrice théâtrale reconnue)qui en a fait l’adaptation québécoise et qui signe sa première adaptation du genre.

Un gâchis amoureux

La pièce a d’abord été présentée au Théâtre du Rideau Vert et fait maintenant l’objet d’une tournée qui porte le sceau de Juste pour rire, ce qui n’en fait pas essentiellement une comédie, au sens éclaté où on l’entend normalement.

«Il y a des moments très drôles, mais c’est aussi l’histoire d’un gâchis amoureux» , précise la comédienne, qui salue par ailleurs l’audace de la productrice Lucie Rozon, qui souhaite, dit-elle, présenter simplement de bons spectacles, de bonnes histoires, sans que ce soit nécessairement à se taper continuellement sur les cuisses.

De fait, cette Jocelyne donne la réplique à Jocelyn (Frédérick De Grandpré), son mari, qui finira par trouver le billet et qui n’en fera pas le même usage. La part du comique viendra surtout des voisines excentriques de Jocelyne, deux sœurs jumelles incarnées par Annick Lemay et Tammy Verge. La distribution compte aussi sur Marc Legault, qui incarne le père de Jocelyne, atteint de la maladie d’Alzheimer.

Au-delà de l’anecdote

C’est Marie-Thérèse Fortin qui signe la mise en scène de la pièce et Marie-Chantal Perron souligne qu’elle fut, elle aussi, très touchée par le propos. «Elle a réussi à ne pas rendre ça trop anecdotique. Elle s’est intéressée avec respect aux questionnements de Jocelyne. Elle nous fait voir la relation de Jocelyne avec Jocelyn, avec ses deux voisines superficielles. C’est pour ça que ça touche autant les gens» , dit-elle, en précisant que la metteure en scène les a amenés à jouer dans les zones sensibles des personnages, dans la dentelle des émotions. C’est ce qui fait aussi, pense-t-elle, que la pièce habite le public bien au-delà de la représentation.

Rire et se laisser toucher par une sorte de conte moderne, voilà ce que l’actrice suggère au public qui, elle en est convaincue, aura grand plaisir à suivre Jocelyne Guénette dans cet écrin servant de décor (une conception de Geneviève Lizotte), la mercerie, qui nous rappelle continuellement son état initial.