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De la Turquie à Sainte-Thérèse

De La Turquie à Sainte Thérèse

De la Turquie à Sainte-Thérèse

Publié le 08/03/2018

Alors que les femmes accèdent difficilement à de hautes fonctions dans sa Turquie natale, Meltem Ince a trouvé sa place au Canada, son pays d’accueil. Depuis bientôt trois ans, elle tient les commandes de la Fruiterie Jardin Labelle, à Sainte-Thérèse, tout en étant maman de deux fillettes, malgré sa jeune trentaine.

Meltem avait 17 ans lorsqu’elle est arrivée au Canada, en 2005, avec ses parents, ses deux sœurs et son frère. À l’aéroport, ç’a été le choc. On ne parlait que français et anglais autour d’elle, qui n’en prononçait pas un traitre mot et qui venait de quitter sa culture, sa parenté, ses amis.

Cependant, la liberté que lui offre son nouveau pays lui plait. D’où elle vient, une femme ne peut pas marcher dehors seule dès la pénombre. Après l’apprentissage du français, un premier boulot chez Tim Horton’s puis ensuite dans une fruiterie tenue par un compatriote turc, qui allait bientôt lui présenter son frère, installé en Italie. Suivra le mariage. De cette union célébrée en 2011, deux fillettes sont nées.

La vie nord-américaine

Depuis, le couple tente de concilier travail-famille. Tandis que Meltem s’occupe de la gérance de la fruiterie de son beau-frère, à Sainte-Thérèse, son mari se charge de l’approvisionnement. Près de 60 heures de travail par semaine.

À sa première grossesse, elle a dû quitter le boulot plus tôt qu’à l’habitude… pour aller accoucher. Puis à sa deuxième fille, elle est revenue travailler seulement quatre jours après l’accouchement.

Après deux années d’opération, le couple envisage de s’installer dans les Basses-Laurentides. «C’est extraordinaire ici. Les gens sont ouverts et chaleureux» , affirme-t-elle.

Sa vie au Québec lui paraît d’autant plus appréciable que ce qui se passe en Turquie est loin de la rassurer. «Dans mon pays, encore 90 % des femmes demeurent à la maison. Et leur situation est encore pire depuis l’élection du président Erdogan. On sait ce qui se passe, mais personne n’en parle aux médias. Les gens ont peur» , confie la jeune femme, consciente que sa vie aurait été fort différente si elle était demeurée dans son pays.

«Ici, j’ai une auto, je sors et je rentre quand je veux. Je peux laisser mes enfants jouer dehors en toute sécurité» , conclut-elle.