logo journal leveil
icon journal
<strong>Sentiments partagés</strong>

Sentiments partagés

Publié le 30/09/2014

Pour beaucoup de jeunes joueurs de hockey, pour ne pas dire tous, la nouvelle saison est déjà commencée alors que pour nos professionnels chéris, ce n’est plus qu’une question de jours. Et, comme par toutes les récentes années passées, deux grands sujets refont surface; permettre ou non les mises en échec au hockey mineur, surtout dans les jeunes catégories et celles dites récréatives, ainsi que la récurrente question des commotions cérébrales, celle‑là à tous les niveaux.

Au sujet de la mise en échec, je dois avouer que mes sentiments sont partagés quant à cette abolition souhaitée par plusieurs. À mon avis, la mise en échec est au hockey ce que le plaqué est au football. Peut‑on s’imaginer un seul instant, un match de football sans plaqué, même chez les plus jeunes? La question de la mise en échec ne devrait même pas se poser chez les novices, atomes et même peewees parce qu’à mon avis, à cet âge, on rêve à compter des buts, pas à frapper l’adversaire, encore moins vicieusement. Si ça arrive, c’est plus souvent qu’autrement accidentel ou parce qu’on lui aura demandé de le faire. Au fil des ans et au fur et à mesure de sa progression dans le sport, on devrait plutôt enseigner au jeune joueur l’art de la mise en échec. Oui, oui, j’ai bien dit l’art de la mise en échec. Parce que mise en échec ne rime pas avec mise à mort et ça s’enseigne. La mise en échec a pour but de ralentir le progrès du joueur offensif vers le but, pas de le tuer ou de faire bondir la foule avide de sensations fortes. À noter que cette même foule est majoritairement composée de parents qui s’indigneront ensuite de la violence devant le premier journaliste venu. La mise en échec propre et légale fait partie intégrante du hockey et elle doit y rester. Cependant, la LNH et tous les médias devraient éviter de valoriser ses mérites en cessant de les publiciser dans leurs satanées statistiques. Ce qu’on doit mettre en valeur au hockey, ce sont les buts et les passes qui mènent à la victoire. Bobby Orr, le plus grand défenseur à avoir foulé une glace de la LNH, n’a pas forgé sa réputation en frappant tout ce qui bouge, mais il a plutôt été élu au Temple de la renommée pour l’ensemble de ses qualités offensives et défensives. Bien avant et du temps des Bobby Orr, Serge Savard, Guy Lapointe et autres grands défenseurs, on ne perdait pas de temps à compiler leurs statistiques de mises en échec. On savait qu’il ne fallait pas passer entre la bande et les hanches de Larry Robinson et on savait aussi qu’il était hasardeux d’aller dans un coin de patinoire la tête basse devant Guy Lapointe.

Je sympathise de tout cœur avec tous ceux qui ont souffert ou souffriront de commotion cérébrale, mais la mise en échec au hockey n’en est pas la seule cause. Une commotion cérébrale peut aussi bien découler d’une chute à vélo, même pour celui qui porte un casque. Si les réseaux de sport arrêtaient de glorifier la violence excessive avec les top 10 des mises en échec et plaqués. Si on se penchait sur ces équipements qui laissent croire aux joueurs qu’ils sont infaillibles et si cet équipement en était simplement un de protection et non d’agression comme les coudes des joueurs de hockey ou les casques des joueurs de football. La violence est encensée dans les sports de contact et elle déborde dans la société, comme on l’a bien vu récemment. Oui, il faut se pencher sur les risques de commotion et tout faire pour les minimiser, mais ce n’est pas en dénaturant le hockey ou le football qu’on va y parvenir.