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Rendez-vous amoureux par un beau soir de tempête

Béatrice Picard et Geneviève Rioux: une grande performance dans Grace et Gloria.

Rendez-vous amoureux par un beau soir de tempête

Publié le 19/03/2013

Malgré la tempête qui sévissait à l’extérieur ce soir-là, le Centre d’art La petite église était plein à craquer de spectateurs incapables de résister au Rendez-vous amoureux proposé pour la soirée du 27 février.

Toujours aussi couru, le spectacle théâtral des Rendez-vous amoureux, conçus et mis en scène par Martin Lavigne, s’est déroulé sur fond de rupture, de deuil, d’amitié et du souvenir, sous les notes bien inspirées du pianiste Michel Montreuil. La relation de couple n’a pas monopole de l’amour et le quatuor de comédiens talentueux qui s’est prêté aux lectures publiques a su le démontrer, en jouant la palette des émotions avec persuasion.

Geneviève Rioux, Béatrice Picard, Antoine Durand et Pierre-Alexandre Fortin ont livré une performance exceptionnelle lors de l’exercice de récitation, souvent livré en duo, de textes d’auteurs réputés tels que Roland Lepage, Jules Romain, Wajdi Mouawad, Marivaux, Georges-Bernard Shaw ou encore Antonine Maillet avec sa célèbre Sagouine.

Il n’est pas inutile de rappeler que les comédiens participant aux lectures publiques de ce genre n’ont droit généralement qu’à quelques heures de préparation, ce qui met en valeur l’étendue de leur talent et la force de l’expérience des planches.

Et il le faut, car les personnages campés par les comédiens ressortaient étonnamment du registre auquel ils nous ont habitués. C’est le cas de Geneviève Rioux dans Le temps d’une vie, où elle a dû adopter un jeu léger et un timbre de voix enfantin rarement entendu chez elle. Quelques textes plus tard, c’est avec habileté qu’elle a livré un jeu plus dramatique, plus sombre, avec Béatrice Picard dans Grace et Gloria, où les deux comédiennes abordaient le deuil.

La prestation de Mme Picard avait également de quoi étonner puisque celle-ci a davantage habitué le public, au cours de ses 65 ans de carrière, à des personnages plus proches du vaudeville. Son interprétation personnelle de La Sagouine, à la fin de soirée, était d’ailleurs tout simplement sublime, quoi qu’en dise celle-ci de son accent acadien mal maîtrisé.

Antoine Durand et Pierre-Alexandre Fortin ont aussi livré des échanges fort intéressants, parfois ensemble, parfois avec leurs partenaires féminines.

Si Pierre-Alexandre Fortin s’est fait connaître comme comédien, on connaît moins sa belle voix dont il a démontré la justesse du timbre en glissant une chansonnette française au passage, puis en chantant Piano Man un peu plus tard.

Il a aussi fait rigoler l’assistance en poussant quelques répliques à caractère sexuel tirées de la pièce de Mouawad, Littoral.

Quant à Antoine Durand, son aisance sur scène est évidente. Et ce n’est pas sa première participation aux Rendez-vous amoureux. Le comédien a l’habitude des lectures publiques.

Avouons tout de même que trouver l’émotion juste et le ton approprié d’un texte sans l’avoir lu plus qu’une fois relève de l’art.