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Quand même…

Quand même…

Publié le 20/05/2014

Quand même tous les experts, et autres pseudo-experts, s’accordaient à dire que le Canadien de Montréal ne représentait qu’un «p’tit club de ,500» et peinerait vraisemblablement à se tailler une place en séries, les Habs les ont surpris en prenant le 4e rang de leur conférence. Quand même les observateurs avertis avaient prévu une série serrée, pour ne pas dire une défaite, contre le Lightning de Tampa Bay surtout en raison d’un dénommé Stamkos, le Tricolore s’est impérialement imposé en balayant du revers du bâton la série en quatre petits matchs. Quand même moi, un Tricolore tatoué, était prêt à me satisfaire d’avoir vu mon Canadien tenir tête aux tout‑puissants Bruins et les acculer aux sueurs froides d’une septième confrontation. Et quand même tout le monde, y incluant peut-être le pape François 1er, avait prédit une plus ou moins rapide élimination du frêle, pour ne pas dire frileux, CH devant les brutaux et monstrueux Bruins, voilà que ces derniers se retrouvent en finale de conférence devant les Rangers de New York après avoir envoyé les oursons bostonnais à la chasse au miel. Quand même, faut le faire, non?

Outre le fait que la victoire du Canadien jette le presque délire chez ses partisans montréalais et canadiens, puisque le CH est la seule équipe canadienne à s’être invitée aux agapes de fin de saison, cette victoire dis‑je, symbolise presque le triomphe de David sur Goliath. J’allais écrire le triomphe de David sur Zdeno, mais ça serait injuste pour le reste de la troupe de Michel Therrien. Oui, la supposée première ligne a non seulement donné ses premiers signes de vie dans les deux derniers matchs de cette série, mais elle leur a aussi donné le ton. Mais les huit victoires en séries post-saison sont le fruit du travail de plusieurs héros obscurs. Tomas Plekanec a donné le tout premier élan au Canadien avec son but dix‑neuf secondes après que le Lightning eut ouvert la marque dans le premier match de la première série. Mis à part ses deux punitions qui ont conduit aux deux buts des Bruins dans la déconvenue du 5e match, Plekanec a été de tous les combats en avantages et surtout désavantages numériques de son équipe. Il y a bien sûr eu les réveils des Bourque et Eller et la contribution des Brière et Vanek malgré des temps de glace limités bien mérités. Les Weise, Prust, Moen et autres guerriers de soutien ont bien tiré leur épingle du jeu, mais que dire de la brigade défensive menée souvent par les improbables Emelin et Weaver qui n’ont jamais hésité à sacrifier leurs corps au‑devant des puissants tirs bostonnais. Si j’ai omis les Subban et Price, c’est que je n’ai rien à ajouter au concert de louanges lues et entendues dans tous les médias.

Ce qui me réjouit, c’est bien sûr la victoire de nos Canadiens. Mais encore plus, c’est surtout de voir la déconfiture d’un système de jeu basé sur la rudesse et l’intimidation. Les assauts des Lucic et Marchand sur les défenseurs, les ruades sur le gardien trop longtemps tolérées par les arbitres, sans doute sous ordre des hautes instances de la Ligue, n’ont pas réussi à vaincre la détermination d’une équipe qui leur a opposé vitesse et finesse. Lorsque j’entends Don Cherry crier sur tous les toits que Pittsburgh devrait protéger Crosby comme Gretzky l’était aux côtés de Dave Semenko, je me dis que la Ligue devrait plutôt s’assurer de donner consigne à ses arbitres d’appliquer à la lettre son livre de règlements. Les systèmes Bruins et Flyers deviendraient donc caducs et les joueurs pourraient alors exprimer tout leur talent. Quand bien même la victoire du CH sur les Big Bad Bruins n’aurait servi qu’à ça, ça serait déjà beaucoup.