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<strong>Quand l’art remplace la parole confuse</strong>

Une vingtaine de membres du GRPA ont été les vedettes d’une exposition qui avait pour thème Un pas en arrière vers l’avenir.

Quand l’art remplace la parole confuse

Publié le 05/06/2012

La Maison du citoyen de Saint-Eustache a été l’hôte, les 26 et 27 mai derniers, d’une exposition d’œuvres d'une vingtaine de personnes souffrant d'aphasie et ayant choisi d'exprimer par l'art ce qu'elles n'arrivent plus à verbaliser.

 

Sous forme de tableaux collectifs, peintures individuelles, sculpture, l’exposition du Groupe relève pour personnes aphasiques (GRPA) Laurentides était l’occasion pour ses membres de révéler leur univers intérieur bien vivant malgré les limitations de leur maladie singulière. Les personnes aphasiques continuent de rêver, d’aimer et les couleurs éclatantes prenant place sur leurs œuvres le mettaient bien en évidence.

Parmi la trentaine de tableaux affichés, certains faisaient un peu bande à part comme ceux de Lise Fournier, qui a privilégié l’art du petit point, tout en détail et en finesse. Les mandalas de Gilles Cloutier aussi, le président du GRPA, qui a choisi d’explorer le symbolisme des formes.

Une sculpture collective se démarquait par son message éloquent: des mains serrées les unes aux autres appelant à l’entraide, à la solidarité. La première main du lot est sans doute celle de Julie Gonella, qui, depuis trois ans, anime les ateliers d’arthérapie auxquels participent à chaque semaine les artistes en vedette du week-end.

L’exercice auquel les initie l’animatrice n’est pas que ludique. «L’arthérapie touche le subconscient. J’essaie de leur faire prendre conscience de ce qui les bloque. Juste de s’exprimer par l’art, c’est puissant pour eux», confie Julie Gonella.

Une solitude quotidienne

N’empêche que la joie de cette exposition de deux jours ne représente pas la vie quotidienne des personnes souffrant d’aphasie. Si certaines d’entre elles parviennent à prononcer quelques phrases, même décousues de sens, d’autres en sont totalement incapables, d’où un immense sentiment de solitude.

«Je sais que ce n’est pas la pire des maladies, mais les autres malades peuvent continuer de s’exprimer, pas les aphasiques», souligne Francine Lavallée, la directrice du GRPA Laurentides, qui a profité de la Semaine de l’aphasie, qui se déroulait du 26 mai au 1er juin derniers, pour rappeler que ces personnes restent bien vivantes malgré leur handicap.

Mme Lavallée souhaite briser leur solitude. Elle saisit donc toutes les occasions pour sensibiliser la population à cette maladie qui survient à la suite d’un accident vasculaire cérébral impliquant la paralysie partielle du corps, du côté droit, bloquant ainsi la coordination de la parole dans le cerveau.

En collaboration avec d’autres membres de l’organisme, elle a mis sur pied la troupe Théâtre aphasique qui réunit, comme son nom l’indique, des membres aux prises avec la maladie. Après une première expérience le 19 avril, à Mont-Laurier, la troupe se produira à Saint-Eustache à l’automne.

«Quand tu es malade durant une semaine, les gens s’inquiètent et t’appellent. Mais après un an, tu n’as plus d’amis et le conjoint part, car il n’est plus capable de prendre soin de toi», confie Rita Duquette, qui consacre tous ses mercredis aux personnes aphasiques afin de leur réapprendre à communiquer.

Touchée par leur évidente solitude, l’ancienne enseignante de 82 ans n’a pas hésité à offrir son aide au GRPA, il y a cinq ans: «Je les aime et ils m’aident à vivre.»

Pour joindre le GRPA, dont les bureaux sont situés à Saint-Eustache: 450-974-1888 ou [www.grpa.ca].