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<strong>Pommes et oranges</strong>

Pommes et oranges

Publié le 17/09/2014

Ray Rice, ci-devant porteur de ballon des Ravens de Baltimore et homme de Cro-Magnon traînant sa future épouse par les jambes après l’avoir violemment frappée au visage dans un ascenseur, a été suspendu par la NFL et son équipe aurait mis fin à son contrat, évalué dans les 14 millions selon les rapports de presse. Par ailleurs, Adrian Peterson, un autre porteur de ballon, lui, des Vikings du Minnesota, fait face à des accusations pour avoir causé des blessures à un enfant par négligence ou imprudence. Un porte-parole de la ligue a mentionné que le dossier de Peterson serait étudié en vertu de la politique de conduite personnelle de la ligue. Son équipe a décidé de se passer de ses services pour le match de dimanche. Voilà pour les pommes.

L’inaction de la NFL, qui aurait été au fait de ces dossiers qui remontent, le premier en février dernier et le second en mai, a été comparée à celle du commissaire du baseball majeur qui avait fermé les yeux sur les évidents abus de stéroïdes par les Bonds, Sosa et McGwire ainsi que l’aveuglement des bonzes du cyclisme envers le grand Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France et de plusieurs autres victoires, bourré jusqu’aux oreilles, sauf pour ceux qui voulaient à tout prix sauvegarder la réputation du Tour. Voilà pour les oranges.

Il faut comprendre que la NFL, le baseball majeur et le Tour de France, sans oublier toutes les autres ligues de sports professionnels, y incluant la LNH (hockey), la PGA Tour (golf), l’ATP (tennis) la FIFA (football-soccer) sont devenues de formidables, pour ne pas dire monstrueuses, machines à argent, tant pour leurs propriétaires que pour leurs joueurs ainsi que pour tous les commanditaires et médias qui en couvrent les activités. Et qu’y a-t-il de plus important pour tout ce beau monde que l’image? Voilà pourquoi mes chers amis, la NFL a fini par suspendre les Rice et Peterson, pourquoi le baseball majeur n’admettra jamais à son Temple de la renommée les Rose, McGwire, Sosa et Bonds, pourquoi certains commanditaires ont tourné le dos à l’infidèle Tiger Woods et pourquoi la PGA a suspendu Dustin Johnson pour usage de cocaïne.

C’est cependant là qu’il ne faut pas mêler les pommes avec les oranges et mettre tous ces vilains dans le même panier. En ce qui concerne les Sosa, McGwire et compagnie du baseball ainsi que les Lance Armstrong et Dustin Johnson, on parle ici d’athlètes qui ont fait usage de drogues illégales susceptibles d’améliorer leurs performances et de les avantager par rapport à leurs adversaires «clean». Dans tous ces cas, les règles sont claires, les produits défendus nettement identifiés et les contrôles sans appel; les tricheurs doivent payer, leurs records et triomphes radiés et ils doivent rendre compte de leurs actes à leurs commanditaires et supporteurs en perdant les dollars des uns et l’estime des autres.

Par contre, dans le cas de Ray Rice, de quel droit les Ravens peuvent-ils annuler son contrat et la NFL le suspendre? Je ne dis pas ici que son geste filmé est défendable. Je dis simplement que le Cro-Magnon Rice a quelques mois plus tard épousé la traînée par les pieds madame Palmer, que cette dernière lui a pardonné et l’a défendu dans les médias, qu’il n’a été condamné sous aucun chef d’accusation et qu’il n’a aucunement contrevenu aux règles de son sport en matière de substances illégales ou sur le terrain. À moins qu’il ne soit spécifié dans le contrat du footballeur que sa conduite hors terrain doit être irréprochable, il me semble que si j’étais avocat, je me ferais un plaisir de défendre un gars dont on résilie arbitrairement un contrat de 14 millions de beaux dollars américains.