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Philémon

Philémon: Le train où vont les choses… (Dargaud). 

Philémon

Publié le 17/04/2013

«Tiens, une nouvelle histoire qui commence», dit le corbeau perché sur le puits légendaire – là où tout a commencé. «C’est pas trop tôt», répond son copain. La scène se passe à la sixième planche du 16e et dernier album des aventures de Philémon, que son créateur Fred aura eu le temps de compléter avant son décès, le 2 avril dernier. Fort heureusement, Fred aura eu le temps de voir cet ultime album de son vivant, car celui-ci est sorti en France le 22 février dernier. Il est disponible au Québec depuis un peu plus d’une semaine.

Une 16e aventure de Philémon, c’est sans aucun doute l’événement BD de l’année quand on sait que celle-ci a été amorcée il y a 26 ans déjà. Fred en avait dessiné une vingtaine de planches, puis des problèmes de santé (côté âme), puis des problèmes de santé tout court, l’ont obligé à délaisser durant toutes ces années son personnage à l’éternel pull rayé bleu et blanc. Puis, voilà, il a pris le temps, en 2011 et 2012, de compléter cette fameuse histoire, Le train où vont les choses… (Dargaud), avec Philémon, qui en 1965 tombait dans ce puits pour un premier voyage dans le monde des lettres de l’océan Atlantique, son inséparable âne Anatole, Monsieur Barthélémy, l’oncle Félicien et Hector, son père incrédule. Dans ce nouveau récit, Philémon et Monsieur Barthélémy viennent en aide à Joachim Bougon, chauffeur de la lokoapattes qui marche à la vapeur d’imagination. Et cette lokoapattes a la particularité d’être celle qui tire le train où vont les choses. Et si le train où vont les choses est immobilisé, les choses ne vont plus où elles devraient aller. Alors, tout est perturbé, disloqué. Monsieur Barthélémy, qui souhaite retourner sur la lettre A, et Philémon vont donc monter à bord de la lokoapattes avec le chauffeur Bougon et emprunter le fameux tunnel imaginaire… Le récit se termine avec un joli clin d’œil à la toute première aventure de Philémon… Une belle façon pour Fred de boucler la boucle.

Encore une fois, Fred a ici fait preuve de la belle imagination qui caractérise non seulement sa série Philémon, mais l’ensemble de son œuvre. Même 14 ans après la sortie de son plus récent album, L’histoire de la dernière image (Dargaud), Fred n’a rien perdu de son humour, de sa poésie des mots et de son sens de l’absurde qui ne l’est finalement pas tant que ça. Voilà donc un fort bel héritage que nous laisse le sympathique moustachu!

Et là où il est maintenant, espérons que l’ami Fred a l’occasion de savourer ce double coucher de soleil qui caractérise le monde des lettres. Merci, Fred!