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Parents désespérants

Parents désespérants

Publié le 27/03/2012

Grande fut ma surprise à la lecture du «plus grand quotidien français d’Amérique» d’y découvrir que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport ainsi que Hockey Québec avaient décidé de s’unir pour lancer une campagne de sensibilisation «visant à améliorer le comportement des parents dans les gradins». Le coût de cette campagne? 250 000 $! On aura tout vu!

Laissez-moi d’abord vous présenter la mission de Hockey Québec telle que définie sur sa page Web: «Assurer l’encadrement du hockey sur glace sur son territoire en vue d’en favoriser la promotion et le développement de la personne qui le pratique.» De la personne qui le pratique, pas de ses géniteurs. Est-ce que Hockey Québec n’en a pas déjà assez d’encadrer des milliers de jeunes hockeyeurs des catégories MAHG à junior qu’il lui faille en plus se soucier du comportement des parents, comme si c’étaient eux les enfants? Hélas, il semble bien que oui!

Et ne venez pas me dire que les parents qui dérapent sont en minorité. Si c’était le cas, pourquoi faudrait-il lancer une campagne à l’échelle provinciale? Le bobo est non seulement grand, il est grandissant. Quand un entraîneur d’une équipe atome BB (9-10 ans) intente une poursuite en diffamation de 85 000 $ contre une association de hockey mineur, des parents et des bénévoles, il faut se poser de sérieuses questions. Quand un arbitre d’un match atome est victime de violence physique de la part d’un parent ou qu’un entraîneur d’une équipe novice B se voit bousculé par un parent pour avoir fait sauter un tour à son fils qui se traînait les pieds, on se demande si on doit en rire ou en pleurer. Et quand un président de tournoi décide d’offrir une virée en limousine aux rejetons des parents qui auront démontré le plus bel esprit sportif, comme on récompense un enfant pour son beau bulletin, alors là, il faut carrément en rire, enfermer le président du tournoi et jeter la clé.

Quand on lit de telles énormités, on se dit que ça se passe ailleurs. Laissez-moi cependant vous citer une partie de la lettre adressée aux parents des joueurs de catégorie peewee de l’AHMSE en début de saison par son directeur, Gaston Binette: «Il me semble que la critique est plus facile de la part de certains parents et que l’agressivité monte assez vite. Vous avez sans doute pris connaissance du Code d’éthique encore cette année puisque vous l’avez signé. Je crois cependant que certains ont signé ces papiers sans même les lire et qu’ils devraient aller sur le site de l’AHMSE pour le relire. Selon moi, vous devriez vous contenter de laisser jouer vos enfants tout en les encourageant, eux et leur équipe. Si certains d’entre vous ont des idées pour améliorer l’équipe, voyez l’entraîneur. Et si vous avez des connaissances de hockey et que vous pouvez faire certains exercices, ça serait bien que vous vous impliquiez au lieu de critiquer ceux qui sont en place. C’est toujours plus facile en dehors de la glace, mais avec douze caractères différents, c’est autre chose. Cessons donc nos critiques envers ces bénévoles, car que feraient nos enfants sans eux?» J’imagine bien que si cette lettre a été expédiée à tous les parents et publiée sur la page Web de l’AHMSE, ce n’était sûrement pas pour une ou deux têtes brûlées.

Quant à moi, je ne vous chargerai pas un quart de million de dollars pour simplement dire à vous, parents, que le hockey est un sport, un jeu et que les élus pour la LNH ne sont qu’une infime minorité de tous ceux qui le pratiquent. Laissez vos enfants s’amuser et prenez plaisir à les voir faire.