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<strong>Maison Aloïs: Conjuguer l’Alzheimer autrement</strong>

Natacha Taillefer, directrice générale de la Maison Aloïs Alzheimer des Laurentides.

Maison Aloïs: Conjuguer l’Alzheimer autrement

Publié le 18/09/2012

Ce mercredi 29 août, ils étaient environ une vingtaine de participants, dont l’âge oscillait entre 70 et 85 ans, à prendre place, en rond, dans la grande salle de la Maison Aloïs Alzheimer des Laurentides.

Sur un fond de musique réunissant à la fois la Compagnie Créole, mais aussi The Platters, des hommes et des femmes affichant des airs à la fois joyeux, mais aussi rêveurs, répondent à l’appel de l’animatrice des lieux. «La musique tient une place marquante dans la vie de nos participants», souffle la directrice de la Maison Aloïs, Natacha Taillefer.

Ici, on les désigne comme des participants plutôt que des patients ou des malades, un titre qui illustre d’ailleurs la raison d’être de la Maison Aloïs puisqu’il s’agit d’un centre de répit de jour pour personnes atteintes de troubles cognitifs et non d’une résidence pour personnes âgées.

À quelques différences près

Les troubles cognitifs dont les participants sont affligés (à divers degrés) ne se ressemblent guère, bien qu’ils aient la particularité de tous les rassembler au sein d’une seule maladie: l’Alzheimer. «Chaque cas est individuel», précise la directrice.

Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil à ce groupe plutôt proactif pour noter quelques différences. À commencer par l’un d’eux, un homme âgé qui se lève, aussitôt les premières mesures de la musique en marche. «Il adore danser, mais nous devons tout de même faire attention, car il a des problèmes cardiaques», affirme-t-elle en riant.

Pas des fous

La Maison Aloïs accueille des personnes avec un diagnostic de démence. Si le mot fait frissonner puisqu’il est très souvent référencé à la folie, il n’en est rien. «On parle de dégénérescence des cellules et non de folie», précise Mme Taillefer.

Il existe trois phases dans la maladie d’Alzheimer (voir autre texte), et pour les personnes atteintes, ces divers degrés s’étendent sur des périodes plus ou moins longues. À la Maison Aloïs, c’est le stade modéré que l’on observe le plus souvent (phase 2). Si certains ne présentent que la phase 1 de la maladie, ils offrent aide et soutien aux plus atteints. «Ils échangent entre eux, se créent des réseaux, s’entraident», indique la directrice.

Mémoire en fuite

Si la mémoire à court terme est celle qui s’efface le plus rapidement, la mémoire à long terme et la mémoire émotionnelle figurent parmi celles qui restent le plus longtemps chez la personne malade. Voilà pourquoi le changement d’environnement peut causer tant d’anxiété chez une personne atteinte de troubles cognitifs.

«Oui, certains d’entre eux arrivent à reculons en raison de cette anxiété, mais une fois habitués, ils passent une belle journée», explique Mme Taillefer.

Il faut dire que l’environnement de la Maison Aloïs offre une atmosphère très douce. Des murs peints en vert pâle, des oiseaux, des poissons, quelques chaises berceuses pour ceux qui désirent s’assoupir, musique en sourdine et activités de stimulation font partie de l’ensemble des services dispensés.

«Ici, pas d’infantilisation. Nous les laissons se débrouiller le plus possible tout seuls. Vous savez, c’est valorisant pour eux. Certains d’entre eux se sentent dépressifs, car ils voient leur condition se détériorer. L’Alzheimer est une maladie dévalorisante.»

Dévalorisante et triste vous diront tous ceux qui côtoient ou ont côtoyé la maladie.

Comme ce participant qui tentait régulièrement de se sauver de la Maison Aloïs et de sa propre demeure, où il vivait avec sa femme depuis 30 ans. Bien sûr, tout le monde avait remarqué, au cours des dernières semaines, que la maladie avait évolué.

Jusqu’au jour où l’on a compris finalement pourquoi il tentait désespérément de prendre la fuite. Il voulait retourner simplement chez lui. Dans la maison de son enfance.