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Les deux pôles de Jean-Marie Corbeil

Les deux pôles de Jean-Marie Corbeil

Publié le 10/03/2009

Les Soirées Mort de rire connaissent une popularité grandissante depuis leur inauguration, en octobre dernier. À preuve, d’après un sondage par applaudissements mené par l’animateur René Forget, la plupart des spectateurs de cette salle bien remplie, le12 février dernier, avaient déjà assisté à au moins l’une de ces Soirées. Ainsi, le cabaret de l’église Sacré-Cœur recevait, pour une nouvelle édition des Soirées Mort de rire, Jean-Marie Corbeil, lequel était précédé sur scène par Geneviève Brodeur, Mélanie Couture, de même que le duo d’Alexandre Roy et Dave Gaudet.

Après une entrée digne d’une vedette rock, l’inépuisable René Forget y va de son traditionnel appel à la générosité (en matière de rire) des spectateurs, lesquels ne se font pas prier pour exprimer leur enthousiasme. Participative et enjouée (trop dans certains cas, jusqu’à déranger les humoristes), telle sera l’humeur de la foule toute la soirée durant, mais d’abord pour accueillir Geneviève Brodeur. D’entrée de jeu, celle-ci incarne une formatrice pour les employés de Wal-Mart. Excès de motivation, fierté aveugle, ton infantilisant et lueur démoniaque dans le regard, tout est là pour nous faire passer un moment inédit dans les coulisses de l’entreprise. Brodeur revient un peu plus tard avec un numéro plus personnel. Amoureuse de la musique, elle nous présente son «CD de vie», duquel les chansons ne sont pas toujours appropriées au moment vécu. Ce numéro à la fois rigolo et touchant nous fait également découvrir la voix étonnante de l’humoriste, qui possède un indiscutable talent de chanteuse.

Entre ses deux interventions, c’est Mélanie Couture qui présente pour la seconde fois un numéro à l’église Sacré-Cœur. Avec un bon sens de l’autodérision, elle nous entretient «d’orgueil femelle» blessé, mais aussi d’absence d’orgueil, et aussi de vulnérabilité… en se mettant dans la peau d’une femme enfilant ses bas nylon. Le tout est livré avec un naturel et un franc-parler qui lui valent de chaleureux applaudissements.

Puis, dans un numéro rafraîchissant, le duo d’Alexandre Roy et Dave Gaudet. Alliant humour, musique et danse dans un heureux mélange, Roy nous présente les différentes fonctions et prouesses de son «robot format humain», incarné par Gaudet. De Michael Jackson à Riverdance, en passant par Elvis, Vanilla Ice ou encore Dirty Dancing, rien n’est à l’épreuve du robot-danseur. Voilà un numéro vraiment divertissant, porté par deux humoristes au charisme et à la présence indéniables.

Jean-Marie Corbeil

C’est un René Forget toujours aussi énergique qui nous promet un style unique avec la prestation de Jean-Marie Corbeil. L’introduction musicale et son monologue, constamment interrompus par des effets sonores, démarrent bien la performance, sur un ton ironique et absurde. Dans un bon segment sur la musique, il nous présente, à l’instar de Geneviève Brodeur, sa trame sonore de vie, puis son rêve de jouer d’un instrument. Le numéro du «air band» impressionne par sa précision et son jeu physique, mais déçoit un peu par sa finale pipi-caca. Dans la même veine, ce sketch de la maison de retraite, qui débute pourtant par une innocente question et se transforme en une caricature grossière et inutile aux effets sonores vulgaires.

Corbeil abandonne heureusement cet humour carburant aux fluides corporels pour se concentrer sur des sujets d’actualité, des confessions personnelles, des tranches de vie. Emphatique et expressif, il sait créer des histoires drôles à partir de petits riens, à force de transpositions et de parallèles inattendus. Ses numéros avec bandes sonores sont nombreux et il y excelle par son sens du rythme, sa musicalité et de longues heures de pratique assurément!

Toutefois, le texte n’échappe pas aux clichés sur les femmes ou les personnes âgées, ni aux blagues éculées sur le perçage corporel ou la chirurgie esthétique. C’est dommage, car le spectacle de Jean-Marie Corbeil recèle aussi de belles trouvailles de gags et d’ingéniosité, comme cette chanson où chaque mot est illustré par un objet.