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<strong>Les bagarres au hockey, là pour rester!</strong>

Les bagarres au hockey, là pour rester!

Publié le 08/10/2013

D’abord, un aveu. Je ne peux plus bouder le hockey de la LNH, notre sport national et le sport de mon enfance. Moi qui pourrais encore vous nommer par cœur les noms et numéros de presque tous les joueurs des Canadiens, Red Wings, Black Hawks, Bruins, Rangers et Maple Leafs des années 1960, j’ai mis fin à mon boycott, me rendant compte que c’est moi que je pénalisais en faisant la gueule au hockey. Ceci étant dit, les soirs d’Unité 9, d’O’ et de Toute la vérité, je continuerai de n’y jeter qu’un coup d’œil distrait durant les commerciaux.

Il n’aura donc fallu qu’un inconnu moustachu endossant le chandail du CH ne s’affale en pleine face sur la glace du Centre Bell pour relancer le débat sur les bagarres au hockey. Soit dit en passant, il semble que la foule dite connaisseuse de Montréal ait réservé sa plus belle ovation à George Parros, ce 222e choix du repêchage, qui n’avait jamais auparavant foulé la glace du Centre Bell. Une ovation qui, paraît‑il, était de beaucoup supérieure à celle réservée à Lars Eller, de loin le joueur le plus talentueux de l’édition 2013 du Tricolore, et je ne dis pas cela que parce qu’il a un bon début de saison. On repassera donc pour le haut degré de connaissance du public montréalais. Revenons à nos moutons, le dossier des bagarres au hockey.

La question qui tue a été posée aux lecteurs de La Presse: «Devrait‑on interdire les bagarres dans la LNH?» Qu’auriez‑vous répondu? Sachez que sur 10 810 répondants lecteurs de La Presse, 76 % ont dit que oui, il faudrait interdire les bagarres, 21 % ont signifié que non et 3 % ne le savaient pas. Laissez‑moi à mon tour poser trois questions. Sur les presque 8 000 qui ont dit oui à l’interdiction des bagarres, combien étaient présents au Centre Bell ce soir‑là? Combien ont applaudi à la première victoire aux poings du sir George Parros, et consternés par sa chute et sa perte de conscience lors de son deuxième affrontement contre Colton Orr? Et finalement, combien lui ont réservé une ovation supérieure à celle de Lars Eller?

Ma réponse à la question de La Presse, je vous la donne en mille. Je suis pour les bagarres au hockey. Attention! Je ne suis pas pour les bagarreurs professionnels, style Parros, Moen et autres membres inutiles assis sur le bout du banc attendant un signe de l’entraîneur. Je suis pour les bagarres comme lorsque Maurice Richard plantait Ted Lindsay, lorsque Serge Savard servait une rincée à Dave Schultz et si Vincent Lecavalier décidait de régler le cas d’un Alexei Emelin, qui en aurait beurré trop épais. Je suis pour les gars qui en imposent comme les Iginla, Lucic, Emelin, Kronwall et autres, mais qui sont aussi de vrais joueurs de hockey. À quoi servent les Parros, Bertuzzi, Campbell, Horton et autres gorilles? Dans sa chronique de dimanche dernier, Maxime Talbot mentionnait que l’élimination des bagarres ouvrirait la porte à plus de coups vicieux de la part de joueurs qui tout à coup grandiraient de plusieurs pouces et gagneraient soudainement en bravoure. C’est vrai! L’attaque sauvage à coups de bâton de Phil Kessel aurait mérité une bonne correction immédiate, puisque la veule LNH ne l’a puni que pour trois matchs pré‑saison. Deux ou trois bons directs dans le portrait auraient sans doute plus contribué à le faire réfléchir que cette inoffensive tape sur les doigts qui lui a été infligée. J’abdique; les bagarres sont là pour rester, la LNH continuera à être aussi stupide dans sa complaisance à appliquer les règlements. Mais moi, je ne me priverai plus du plaisir d’un bon Hockey Night in Canada bonifié par un entracte avec Don Cherry.