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<strong>La vie après le sport</strong>

La vie après le sport

Publié le 21/01/2014

Dans un peu plus d’une quinzaine, on sera en plein dans les Jeux de Sotchi. Après les succès remportés à Vancouver en 2010, la pression sera forte sur nos athlètes canadiens. Nos deux voisins Mikaël Kingsbury et Alexandre Bilodeau, Patrick Chan, Érik Guay, Dominique Maltais, Daria Gaïazova et Alex Harvey, notre équipe de patinage de vitesse, dont entre autres, les frères Hamelin et Marianne Saint-Gelais, ainsi que nos équipes de hockey masculine et féminine, voilà autant d’épaules sur lesquelles pèseront très fort tous nos espoirs, nos louanges ou nos critiques de sportifs de salon. Médaillés ou non, comblés ou amèrement déçus, qu’adviendra‑t‑il de tous ces merveilleux athlètes qui ont consacré la majeure partie de leur vie au rêve olympique, une fois la neige fondue et les réflecteurs éteints?

Radio-Québec présente depuis le 7 janvier la série Ma vie après le sport, une douzaine d’émissions consacrées à une trentaine d’athlètes amateurs et professionnels qui ont été confrontés à la réalité quotidienne après avoir vécu l’euphorie de la victoire ou l’agonie de la défaite. L’épisode que j’ai vu présentait Sylvie Bernier, Josée Chouinard et Stéphane Richer. La première avouait avoir eu beaucoup de difficulté à s’adapter à son statut de vedette au retour de Los Angeles et ne pas avoir réalisé qu’elle vivait une dépression. Quant à la patineuse Josée Chouinard, c’est un véritable cauchemar qu’elle a vécu à la suite de sa contre-performance à Lillehammer; elle avait l’impression d’avoir trahi son pays et sa confiance a été réduite à zéro. Il ne faut pas oublier que ces deux athlètes amateurs ne disposaient ni de fonds de retraite de leur association, ni de coussin financier résultant de riches contrats précédents pour amoindrir leur douleur.

Dans une tout autre catégorie, celle du sport professionnel, Stéphane Richer, le 44 du CH, soutient avoir été malheureux, anxieux et dépressif au point de songer au suicide même durant ses glorieuses années marquées de saisons de 50 et 51 buts et d’une coupe Stanley dans l’uniforme tricolore. Les succès, l’argent et la gloire ne parvenaient pas à combler le vide qui l’habitait. Ça prend une certaine dose de courage pour déballer son sac dans un monde qui juste qu’à dernièrement niait même les commotions cérébrales. Alors, la dépression… Comme quoi l’argent n’est pas tout dans la vie! Puisqu’on parle d’argent, il se trouve toujours des fans indignés à nous rebattre les oreilles pour nous dire combien les joueurs d’autrefois, dont entre autres, Guy Lafleur, ont été exploités alors que l’on ne leur consentait que des salaires de misère comparativement à ceux d’aujourd’hui. J’invite ceux‑là à lire le blogue Les coulisses du sport. Vous y apprendrez que Guy Lafleur «rêve encore d’avoir son hélicoptère», un joujou évidemment à la portée du retraité moyen, surtout exploité toute sa carrière. Sachez aussi que «l’ancien numéro 10 s’est acheté une maison dans la région de Pompano, mais c’est surtout son épouse Lise qui en profite». Et finalement, afin de réaliser son rêve d’hélicoptère, «il se dit prêt à vendre son bateau de 60 pieds». Faut bien faire quelques sacrifices, non?

Les Jeux de Sotchi se termineront le 23 février. S’il est une certitude, c’est que chacun des athlètes qui représenteront notre pays aura tout tenté pour livrer la performance de sa vie. C’est une chose que de les encourager à la victoire, mais gagne ou perd, c’est surtout au retour qu’ils auront le plus besoin de notre support. Le choc post-traumatique, qu’on y croie ou non, ça existe aussi pour les sportifs.