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La sécurité et la souveraineté alimentaires menacées au Pérou

Jules Théorêt

La sécurité et la souveraineté alimentaires menacées au Pérou

Publié le 17/04/2014

En visite dans la grande région de Montréal au cours des dernières semaines, le secrétaire général de la Commission épiscopale à l’action sociale (CEAS) du Pérou, Humberto Ortiz, était de passage dans les Basses-Laurentides pour sensibiliser, à l’invitation de l’organisme Développement et Paix, la population aux problématiques vécues dans son pays, notamment les questions de la sécurité alimentaire et de la souveraineté alimentaire.

Dans toute l’Amérique latine, dit‑il, 12 % de la population souffre de la faim. Au Pérou, c’est quelque 2,1 millions de personnes qui en souffrent, vivant dans une situation de pauvreté extrême. M. Ortiz met en cause la politique de production des aliments mise en place par les dirigeants de son pays. Cette politique donnerait la priorité à l’exportation à des fins lucratives, liée à la concentration de la propriété des terres agricoles aux mains de grandes entreprises. «La population demande aux dirigeants d’adopter des lois pour assurer la souveraineté alimentaire», dit‑il, soutenant que de puissants groupes d’intérêts font pression auprès du gouvernement pour le maintien du statu quo et de la logique du libre marché.

Or, mentionne le représentant de la CEAS, ce libre marché mis en place grâce aux accords de libre-échange en Amérique devait se traduire en redistribution de la richesse à la collectivité, alors qu’on assiste plutôt à une concentration.

«Cependant, nous sommes en train de nous organiser, poursuit‑il. Nous avons créé des mouvements de cuisine collective pour répondre au besoin de la population.» Ainsi, quelque 3 000 cuisines de ce genre sont activité à Lima, capitale et principale ville du Pérou. Le pays en compte plus de 10 000. C’est d’ailleurs à cet endroit que serait né ce mouvement populaire établi dans de nombreux endroits, dont ici au Québec. Il faut aussi préciser que 85 % du budget de ces cuisines vient de la collectivité elle-même. M. Ortiz et son groupe travaillent à ce que le reste du financement, qui provient des paliers de gouvernements supérieurs, augmente à de plus hauts niveaux.

La sécurité alimentaire est aussi menacée par deux autres facteurs majeurs: les changements climatiques et les industries extractives comme le pétrole et les mines. «Nous sommes l’un des quatre ou cinq pays les plus touchés par les changements climatiques», dit‑il, affirmant que les glaciers de la cordillère des Andes ont fondu de façon anormalement élevée au cours des 10 dernières années.

M. Hortiz mentionne aussi que les entreprises minières entrent en compétition avec les producteurs agricoles, notamment en ce qui a trait à la contamination. L’ampleur de l’exploitation minière au Pérou est considérable, ce pays étant le premier producteur de l’Amérique latine dans plusieurs matières premières.

Le secrétaire général de la CEAS en appelle donc au soutien de la société civile canadienne et québécoise. Il mentionne notamment le soutien qui peut être donné à des organisations comme Développement et Paix. La surveillance des activités péruviennes effectuées par les entreprises minières canadiennes, au moyen de l’ombudsman canadien, pourrait aussi faciliter les actions du groupe de M. Ortiz. L’appui au mouvement de commerce équitable est aussi une autre ligne d’action privilégiée par la CEAS.