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<strong>La coche</strong>

La coche

Publié le 03/09/2014

Le US Open bat actuellement son plein à Flushing Meadows et il atteindra son apogée le week‑end prochain. S’il est difficile de ne pas se réjouir des succès remportés jusqu’ici par nos compatriotes Bouchard et Raonic en simple ainsi que ceux des guerriers du double Pospisil et Nestor, il ne faut pas oublier que rien n’est encore gagné et que le plus difficile reste à faire; franchir la petite ou grande coche entre être simplement bon ou devenir champion.

De très bons joueurs, vous en trouverez à pleine page des résultats des jours 1 et 2. Parce que, voyez-vous, il faut vraiment être très bon pour passer à travers des trois rondes de qualification d’un tournoi majeur. Pour Françoise Abanda à 17 ans et à sa première apparition au tableau principal d’un tournoi majeur ainsi que pour Sharon Fichman à 24 ans, la coche pourrait se combler; pour Aleksandra Wozniak, les blessures et l’âge (27 ans) rendront sans doute plus difficile son retour parmi les meilleures. Vasek Pospisil, à 24 ans, gagne en confiance et connaît du succès en double. Frank Dancevic, par contre, a 30 ans et il a livré bonne bataille contre le Portugais Sousa; ce dernier a cependant élevé son jeu au tie‑break (bris d’égalité) du set final pour l’emporter. Quant à nos chéris Bouchard et Raonic, ce sont eux qui sont présentement une coche au‑dessus des bons joueurs qu’ils ont affrontés jusqu’ici. Après un premier tour facile, Eugenie (excusez si je n’écris pas Genie, parce que je ne suis pas assez intime avec la dame, ni très porté sur les diminutifs) a démontré ce qu’est cette coche de plus lorsqu’elle a puisé dans ses réserves pour triompher de Cirstea par 6‑4 au 3e set après avoir joué une deuxième manche très ordinaire et évidemment en deçà de son talent; elle a fait de même avec Strycova pour accéder à la 4e ronde. Le parcours de Raonic a été semblable à celui de Bouchard; en 2e ronde, après avoir perdu le deuxième set contre un Allemand dont le nom contient à peu près toutes les lettres de l’alphabet, il s’est imposé en enlevant les deux sets suivants. Il est également passé au 4e tour en peinant contre le Dominicain et favori de la foule Estrella Burgos par des pointages identiques de 7‑6 sans toutefois perdre une seule manche. Jusqu’ici Bouchard et Raonic ont fait montre de cette supériorité qui leur a permis de vaincre des adversaires un peu plus faibles ou moins aguerris lors des grandes occasions.

Si Eugenie et Milos sont classés aux 7e et 5e rangs de leurs catégories respectives, il leur reste à mon avis une coche à combler. On l’a vu à Wimbledon lorsque l’encore toute jeune Bouchard s’est littéralement effondrée devant Petra Kvitova; elle avait précédemment perdu en demi-finale, en Australie contre Li Na et ensuite à Roland-Garros contre la redoutable Maria Sharapova. Quant à Raonic, s’il a connu sa part de succès en 2014, il n’a jamais pu s’imposer face aux Djokovic, Federer, Murray et Nadal. Pour franchir la coche et passer du côté des champions, c’est contre les Sharapova, Kvitova, Federer, Nadal et Djokovic qu’il faut s’illustrer et sur les immenses scènes que sont l’Australie, Roland-Garros, Wimbledon et Flushing Meadows.

Où en sont nos vedettes canadiennes? Je retiens ces commentaires de deux ex‑vedettes américaines. Chanda Rubin, en réponse à une question à savoir si Eugenie était «the real thing», a répondu croire en sa force mentale et physique et que oui, elle était pour vrai. Quant à la grande Chris Evert, elle a dit de Bouchard que «comme les championnes, Eugenie peut et sait élever son jeu à un niveau supérieur, spécialement sur les grandes scènes». Le tennis canadien est‑il sur le point de franchir la fameuse coche?