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Kanako, Minako et le drame nippon

Kanako Soné et Minako Soné-Debut, deux Japonaises qui vivent à Blainville et Rosemère. Elles confient que le peuple japonais se relèvera de cette épreuve.

Kanako, Minako et le drame nippon

Publié le 29/03/2011

Le tremblement de terre de magnitude 9 et la gigantesque vague qui a dévasté le nord-est du Japon, le 11 mars dernier, resteront à jamais gravés dans la mémoire collective. À des milliers de kilomètres du drame nippon qui émeut le monde entier, deux femmes, deux Japonaises et sœurs de surcroît, Kanako Soné et Minako Soné-Debut, témoignent des évènements, mais aussi de leur grande confiance dans le peuple japonais.

Natives de la ville d’Odawara dans la région de Kanagawa, une préfecture située à 80 kilomètres de Tokyo, les deux résidantes de Blainville et Rosemère savent très bien ce que les Japonais ont ressenti puisque leur enfance a été parsemée de tremblements de terre et de raz-de-marée.

«Quand nous étions petites, nous avons vécu des tsunamis, mais jamais de l’ampleur du dernier, soutient calmement Minako. On regardait les vagues, mais on n’était pas inquiets, elles n’étaient pas dévastatrices.»

Par ailleurs, les enfants sont entraînés très tôt à ce genre d’épreuve. Dans les écoles, ils participent à des exercices de simulation à l’aide d’un camion converti en maison. Les écoliers sont invités à pénétrer dans l’habitacle qui les secoue et les ballotte, leur faisant vivre ainsi, par procuration, des sensations sismiques.

Des maisons solides

Arrivées en sol québécois en 2003 et 2005, les deux sœurs ont toujours des amis et de la famille au Japon, dont leur mère, âgée de 72 ans. Cette dernière, qualifiée de très forte par les deux femmes, a survécu aux secousses sismiques grâce aux structures solides de sa maison.

«Quelque temps avant le séisme, ma mère se promenait à l’extérieur et avait rendez-vous chez le dentiste. C’est alors que la terre s’est mise à trembler. Elle est retournée chez elle et a commencé à retenir les objets, dont une énorme bibliothèque. Tout bougeait autour d’elle. Elle a retenu la bibliothèque, car c’était un meuble très lourd qui pouvait être dangereux pour sa sécurité», explique Minako.

Si la dame a réussi à s’en sortir indemne, l’effort consenti lui a tout de même occasionné de légers troubles physiques.

«Ma mère est une femme très optimiste. Elle a eu confiance en sa maison, en son mari (décédé), qui a su lui bâtir une habitation solide», continue Minako.

Il faut savoir que la maison, dite antisismique, est construite sur des piliers en acier plantés dans le roc. À 150 mètres au-dessus de la mer, la résidence se trouve suspendue entre ces piliers, ce qui lui confère le vocable de maison élastique.

Le peuple japonais

Les appels téléphoniques que Minako et Kanako ont passés, pour s’informer de la sécurité de leurs amis vivant à Tokyo, confirment les images vues à la télévision. Un peuple calme, courageux, qui, en dépit des menaces nucléaires, continue d’assurer l’économie du pays en allant travailler.

«Vous savez, les Japonais ne montrent pas leurs émotions, car ils ne souhaitent pas encombrer les autres de leurs problèmes. C’est un peuple solidaire pour qui la famille, l’école, le groupe, passent avant soi-même. Après, seulement, vient l’individualité. La survie de l’autre passe avant la sienne», confie Kanako.

Bien qu’inquiètes face à la situation qui prévaut actuellement au Japon, Minako et Kanako rappellent que leur peuple sait faire preuve d’une grande résistance devant l’épreuve.