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Jeux olympiques: Karine Legault (natation) se souvient…

Karine Legault

Jeux olympiques: Karine Legault (natation) se souvient…

Publié le 07/02/2014

Karine Legault, 35 ans. Jeux olympiques d’été de 2000 à Sydney, en Australie (21 ans), en natation. Résultats: 19e au 400 m libre et 16e au 800 m libre.

1) Quel est votre plus beau souvenir personnel de cette participation à ces JO? Et le moins bon souvenir? Et pourquoi?

Difficile d’identifier UN plus beau souvenir. Quand je pense aux Jeux et aux bons moments, ma tête commence à tourner et plein de moments remontent à la surface: tout ce qui entoure la compétition, l’ivresse dans laquelle on se retrouve, les rencontres avec les journalistes, le rire de Jean‑René Dufort en maillot long par exemple! Aussi: faire signer un chandail qui était supposé être seulement de l’équipe canadienne et qui a fini avec les athlètes du monde entier, rencontrer d’autres athlètes d’autres pays, aller voir les compétitions des autres disciplines et voir leur culture, leurs difficultés et comment ils s’entraînent, discuter avec les bénévoles… les bénévoles qui sont partout. Bref, nous sommes comme sur un nuage.

J’ai été chanceuse, non seulement mes compétitions se sont déroulées dans la première semaine, mais je n’avais pas d’autres compétitions après Sydney. J’ai donc pu pleinement profiter de tout ce qui entoure les Jeux avec les privilèges d’athlète.

Le moins bon souvenir, ironiquement, c’est la natation, ma compétition et la préparation aux Jeux. Je n’étais pas bien préparée. Je ne m’imaginais pas que la compétition lors des JO pouvait être… comment pourrais‑je dire, ennuyante! Évidemment, lorsqu’on regarde les JO, on voit les finales, l’ambiance est extraordinaire… électrisante, mais lors des épreuves de qualification, en tout cas en natation, l’atmosphère est presque à zéro, une compétition régionale, ben plate (pour le niveau où j’étais rendue évidemment!). Ou si vous voulez, le sentiment d’être seule en plein milieu d’une foule immense. C’est déstabilisant lorsqu’on est habituée de performer, alors qu’on est la vedette, la meilleure, alors l’adrénaline n’était pas aussi intense. Puisque je n’avais pas participé à une compétition d’envergure avant, eh bien je me suis fait avoir. En plus, lors de la préparation sur le site olympique, une mauvaise communication a eu lieu et je me suis retrouvée seule pour me préparer. Pas cool! Mais, à ce moment, je croyais que cela ne faisait que commencer et que je pourrais reprendre ça… Ce qui ne s’est pas passé!

2) Qu’est-ce qui vous a le plus impressionnée lors de ces JO de façon générale et de façon personnelle?

Ce qui est impressionnant aux JO, c’est la bulle dans laquelle on se retrouve. Tout le monde est heureux, joyeux, tout semble en harmonie pour un instant. On peut rencontrer des gens de toutes les nationalités, échanger dans un climat de compétition, mais aussi d’amitié. Peu importe où ce lieu se retrouve, que ce soit Atlanta, Sydney ou j’imagine Sotchi, on a l’impression que, pour ce moment, on est nulle part… dans une oasis coupée du monde pour deux semaines. Lorsque les compétitions sont terminées, on a la chance de se promener et de faire la fête, on peut faire le tour du monde, aller fêter avec des gens qui ne parlent pas notre langue.

3) Quels conseils donneriez-vous à un athlète comme Mikaël Kingsbury (épreuve des bosses) qui en sera à une première participation aux JO? Et à des athlètes comme Alexandre Bilodeau (épreuve des bosses) et Charline Labonté (hockey féminin) qui y retournent à nouveau, et peut-être pour une dernière fois?

Profitez de la vague olympique, c’est un beau moment, un moment magique, une opportunité inoubliable qui nous transporte dans un autre monde. Il s’agit d’une expérience qui restera gravée en nous. Mais surtout, ne pas oublier que ce n’est qu’une vague. Eh oui, elle passe! Il y a d’autres défis à surmonter après les JO. Mathieu Giroux, en patin longue piste, semble avoir compris ce qu’est le plus gros défi: l’après, la préparation à une tout autre vie. Mais surtout, ne pas avoir peur de quitter le sport pour faire le saut vers la vie réelle parce qu’attendre trop longtemps risque d’être encore plus difficile pour s’y adapter. En fait, je crois que le conseil que je donnerais à tous les athlètes, peu importe qui il est, l’excellence dans le sport est formidable, mais l’important c’est de savoir qu’il y a une fin et qu’il faut savoir qui on est et ce qu’on veut devenir à l’extérieur du sport.

4) Comptez-vous regarder les JO d’hiver et quelle discipline allez-vous suivre de façon plus particulière?

Oui, le sport qui m’a toujours intéressé le plus en hiver, c’est le patin longue piste et les nouveaux sports comme la planche à neige et les courses de ski. Je vais regarder les nouvelles en général et les sports qui vont être présentés au moment que je vais trouver pour les regarder.

5) Qu’est-ce que les JO vous ont apporté? Est-ce que l’on vous en parle encore aujourd’hui? Est-ce que cela a changé votre vie?

Faire l’équipe olympique et vivre cette expérience m’a permis de passer au travers les défis qui m’attendaient après: par exemple, retourner au cégep et recommencer un baccalauréat/maîtrise. N’avoir pas été aux JO, cela aurait été très difficile. Aussi, le fait de participer aux JO m’a permis d’avoir un accomplissement extraordinaire dans ma vie pour me donner le courage de revenir en arrière pour passer à autre chose. Il ne faut pas oublier que quelques mois avant les essais olympiques, je voulais tout abandonner parce que je n’étais pas capable de nager assez vite pour même penser gagner une compétition provinciale. Je me demande des fois ce qui serait arrivé si je n’avais pas réussi et aussi ce qui arrive à mes coéquipiers qui, eux, ont fait les mêmes longueurs que moi, mais qui n’ont pas atteint les Olympiques. Évidemment, avoir fait les JO m’a apporté la discipline, le goût de la performance qui demeure toujours en moi.

Mais, toute médaille a deux côtés! Il y a des difficultés à vivre avec ce succès, mais je n’entrerai pas dans ces détails aujourd’hui! Mais, croyez‑moi, il y a aussi des difficultés!

Puisque je vis dans une autre région, les gens ne me reconnaissent pas et quelques personnes viennent à savoir que je suis allée aux JO, mais je suis un peu dans l’anonymat. J’avoue que le lien est plus fort avec Saint-Eustache, ce qui est tout à fait normal puisque j’ai été grandement supportée par les gens, la Ville et la communauté, les journalistes, et je les remercie. On nous sort de l’anonymat le temps des JO, ce qui nous fait plaisir. Cela nous permet de vivre encore comme dans le temps, quand on était dans le feu de l’action!

6) Enfin, que faites-vous comme travail aujourd’hui? Où résidez-vous? Êtes-vous mariée? Avez-vous des enfants? Pratiquez-vous toujours une discipline sportive?

Je suis ergothérapeute au CLSC de Gatineau. Je demeure à Gatineau. Je vis avec mon conjoint et mes deux enfants, Élizabeth, 2 ans, et Édouard, 5 ans. Je ne pratique pas de sport autre que des exercices de conditionnement physique, mais un jour, qui sait?, peut-être que je pratiquerai à nouveau une discipline sportive!