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Itinérance: l’ACJ + forcé de diminuer ses heures d’ouverture

Marie-Claude Renaud, directrice générale (à l’avant) et Ronald Bélisle, président du conseil d’administration, Marie-Claude Grenon, responsable clinique, et Sarah, stagiaire. 

Itinérance: l’ACJ + forcé de diminuer ses heures d’ouverture

Publié le 20/04/2016

Face à un manque à gagner de quelque 124 000 $, l’organisme Ressources communautaires ACJ + de Saint-Eustache, dont l’un des mandats est d’offrir de l’hébergement temporaire aux itinérants, n’a d’autres choix que de revoir à la baisse son offre de services. 

C’est ainsi qu’à compter du 1er mai, la maison d’accueil située au 311, rue Féré, à Saint-Eustache, n’ouvrira ses portes qu’à compter de 23 heures le soir plutôt qu’à 17 h 30 comme elle le faisait depuis 2001.

Cette décision, loin d’être prise de gaieté de cœur par les dirigeants de l’organisme, doit-on le préciser, entraînera inévitablement des conséquences directes chez les itinérants qui avaient pris l’habitude de s’y rendre chaque jour pour se doucher, se nourrir et dormir.

En 2015 uniquement, pas moins de 148 personnes ont profité des services d’hébergement de nuit.

Comme l’a expliqué Marie-Claude Renaud, directrice générale de l’ACJ +, non seulement les itinérants devront-ils dorénavant trouver un endroit pour passer le temps, ou pour se réchauffer, l’hiver, entre 17 h 30 et 23 heures, mais la population eustachoise subira aussi les contrecoups de cette diminution des heures de service.

«En ouvrant nos portes à 17 h 30, a-t-elle mentionné, cela permettait à six personnes à la fois d’être accueillies, écoutées et accompagnées avant la nuit. Maintenant, ces gens vont plutôt continuer d’envahir les lieux publics jusqu’à l’ouverture du centre à 23 heures.»

Portrait type de l’itinérant eustachois

L’itinérant moyen, que l’on aperçoit parfois déambuler dans les rues de Saint-Eustache, est un homme âgé dans la quarantaine, originaire de la région et qui ne veut pas nécessairement aller à Montréal ou à Saint-Jérôme, des endroits «où ça brasse un peu plus», de dire Mme Renaud.

Étant donné que les itinérants n’ont droit qu’à 30 jours d’hébergement consécutifs à la maison du 311, Féré, et qu’ils doivent attendre 30 jours avant d’être autorisés à y revenir, quelques-uns d’entre eux se promèneront d’une ville à l’autre pour se trouver un endroit à crécher. D’autres choisiront plutôt de dormir à l’extérieur, dans les parcs ou les boisés environnants par exemple tandis que ceux qui veulent vraiment s’en sortir y arriveront.

Marie-Claude Renaud a d’ailleurs raconté l’histoire de cet homme qu’elle avait hébergé après qu’on l’eut appelé pour l’informer qu’il traînait dans le secteur de la bibliothèque et qu’il dégageait une odeur désagréable.

«Il est venu ici en hébergement, a stabilisé sa situation et habite maintenant dans le Vieux Saint-Eustache. Il tond des gazons et fait des commissions pour ses voisins, comme quoi il y en a qui s’en sorte!»

Lutte à l’itinérance

Jusqu’en 2014, l’ACJ +, un organisme fondé en 1988, recevait une subvention de quelques centaines de milliers de dollars pour poursuivre sa mission auprès des itinérants, en leur offrant notamment un service d’hébergement de nuit. Ces précieux dollars étaient également utilisés pour venir en aide aux nombreux jeunes, garçons et filles, qui fréquentent les trois autres maisons d’hébergement communautaire chapeautées par ACJ +, soit le Préfixe des Basses-Laurentides (12-17 ans), les Appartements supervisés le Transit (17-25 ans) ainsi que l’Accueil communautaire des Basses-Laurentides (16 à 25 ans).

Toutefois, en 2014, le gouvernement du Canada, principal bailleur de fonds d’ACJ +, a modifié sa stratégie de partenariat de lutte à l’itinérance de sorte que l’enveloppe budgétaire réservée à l’hébergement de nuit des sans-abris a considérablement diminué, forçant l’organisme a revoir ses heures d’ouverture.

Le conseil d’administration poursuit donc ses recherches et ses démarches auprès des instances concernées afin de trouver le financement nécessaire qui permettrait de rétablir les heures d’ouverture habituelles.