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Ginette Lanctôt: écouter et aimer

Photo Michel Chartrand – Ginette Lanctôt est bénévole auprès de Sercan depuis 1993.

Ginette Lanctôt: écouter et aimer

Publié le 22/04/2011

DOSSIER: SOINS PALLIATIFS Au cours des prochaines semaines, vous retrouverez dans les journaux L’ÉVEIL et LA CONCORDE une série d’articles sur des femmes et des hommes de la région, rencontrés à la Maison de soins palliatifs à Saint-Eustache et au Centre Drapeau-Deschambault de Sainte-Thérèse, qui sont concernés ou en lien direct avec les êtres humains en fin de vie.

À 29 ans, Ginette Lanctôt apprend qu’elle est atteinte du cancer du sein. Jamais elle ne baissera les bras. Guérie depuis une vingtaine d’années, elle prête son oreille aux personnes atteintes du cancer et bénéficiaires de Sercan.

Bénévole auprès de l’organisme depuis 1993, Ginette Lanctôt en a fait un travail à temps plein. Elle a été bénévole auprès des enfants et des personnes âgées à l’Hôpital de Saint-Jérôme avant de devenir bénévole chez Sercan et au Manoir Saint-Eustache, sollicitude qu’elle exprime encore à ces deux derniers endroits. Aujourd’hui, elle offre de son temps plus particulièrement comme marraine auprès des femmes atteintes de cancer du sein. «Je voulais donner de mon temps et partager mon expérience», affirme l’Eustachoise.

Le diagnostic tombe

Après un premier diagnostic de cancer du sein, en 1982, alors qu’elle était une nouvelle maman, Mme Lanctôt a connu une récidive de la maladie en 1985 et deux autres en 1986, année où elle s’est fait enlever les deux seins. L’année suivante, une tumeur sur l’os du sein et un fibrome aux ovaires amènent les médecins à lui faire subir une hystéctomie. «Faire du bénévolat, ça me permet de ne pas oublier, de ne pas retomber dans les mauvaises habitudes et d’apprécier chaque journée», indique-t-elle.

Elle aime particulièrement répondre aux questions plus techniques concernant le cancer. Elle assiste d’ailleurs à différents colloques pour se tenir informée des avancées afin d’encourager ses filleules quand les traitements ne fonctionnent pas. «En ayant été malade, je sais qu’elles vivent la solitude même si elles sont bien entourées. Elles sont seules avec leur peur parce qu’elles veulent épargner leurs proches. Les gens peuvent tout me dire. Elles ne sont pas mal à l’aise de pleurer», mentionne Mme Lanctôt.

Elle précise que lorsqu’on a le cancer, on doit faire le deuil de sa santé. «Ce qui est pire avec le cancer, c’est qu’on n’est jamais en paix. On ne peut pas avoir mal quelque part sans que le docteur ou soi-même soit inquiet», constate-t-elle.

Comme marraine de Sercan, elle s’assure d’être totalement disponible avec ses filleules, ayant toujours son cellulaire près d’elle. «Je n’ai pas eu de marraine, mais j’aurais aimé ça. Ça m’aurait enlevé un stress. J’aurais été capable de dire que j’avais peur de mourir. C’est pour ça que je suis contente de le faire», affirme celle qui se consacre à «aimer et écouter».

Administratrice au conseil d’administration de Sercan, Mme Lanctôt croit en la mission de l’organisme. «Je n’attends pas que mes filleules m’appellent, car elles ont peur de me déranger», fait savoir la femme de 57 ans. «Je n’ai pas peur de dire mon âge. J’aimerais ça que tu l’écrives même. Ceux qui sont décédés à 46 ans ne pourront jamais dire qu’ils sont âgés de 57 ans. Moi, j’espère dire que j’ai 64 ans, 76 ans», signale-t-elle.

Mme Lanctôt termine l’entrevue en soulignant l’importance de l’auto-examen des seins. «Quatre des six tumeurs que j’ai eues ont été localisées par moi. C’est important de bien connaître ses seins», soutient-elle.

«Je serai bénévole pour toujours. J’adore ça», conclut-elle.