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Fred Pellerin ou l’art de triturer les mots et les expressions

(Photo Yves Déry) – Le conteur caxtois Fred Pellerin, toujours aussi débordant d’imagination, dans le cadre de son spectacle L’arracheuse de temps.

Fred Pellerin ou l’art de triturer les mots et les expressions

Publié le 12/05/2009

Si ces personnages sont plus grands que nature lorsqu’il nous les présente sur scène, force est d’admettre que Fred Pellerin, ce fameux conteur de Saint-Élie-de-Caxton, est en train de devenir, malgré sa toute petite stature, aussi grand qu’eux, sinon plus. C’est que notre conteur caxtois n’en finit plus de nous séduire – et nous surprendre – avec ces récits triturés d’expressions et de mots qui nous font pleurer de rire, mais qui, aussi, peuvent nous arracher quelques larmes, sinon quelques petits «mottons» dans la gorge.

De passage au Centre d’art La petite église pour trois soirs consécutifs, tous à guichets fermés il va sans dire, dans le cadre des spectacles présentés par le Service des arts et de la culture de la Ville de Saint-Eustache à cet endroit, Fred Pellerin a, une nouvelle fois, étalé tout son grand talent de conteur, mais aussi ses talents d’interprète. C’est que celui-ci a choisi d’insérer ici et là, question de reprendre un peu de son souffle, quelques pièces musicales en s’accompagnant à la guitare, à la mandoline et au piano. Et il s’en tire assez bien, merci! C’est qu’il a tous les talents, ou presque, le petit.

Quatrième spectacle de Fred Pellerin, L’arracheuse de temps met cette fois en vedette la «Stroop», qui avait, nous assure le conteur, le pouvoir «d’ensorcelage et de prévoyage», capable de te dire, en te regardant droit dans les yeux, le jour et l’heure de ta mort. Car il est beaucoup question de mort dans ce spectacle de Fred Pellerin que celui-ci a d’abord présenté, tout au long de l’été 2008, dans son patelin de Saint-Élie-de-Caxton, un village de la Mauricie qui a vraiment existé et qui existe vraiment!

Il y d’abord ce pommier avec une branche de la vie et une branche de la mort, source première de nouveaux récits de Fred Pellerin. En plus de la Stroop, on retrouvera des personnages maintenant plus connus, depuis qu’ils ont été transposés au grand écran avec le film Babine. Tout d’abord, il y Méo le coiffeur, toujours «paqueté un œuf à deux jaunes», le premier à faire appel à la sorcière après avoir entendu les cloches annoncer sa mort, puis Toussaint Brodeur, la Belle Lurette qui, tous, iront voir à un certain moment la Stroop, un personnage qui a vraiment vécu à Saint-Élie-de-Caxton pendant trois ans et demi.

Seul sur scène, avec une chaise et ses instruments de musique pour l’accompagner, Fred Pellerin réussit toujours, avec ce quatrième spectacle, à nous émerveiller, à nous surprendre avec son aisance et ses expressions tirées d’un imaginaire pour le fertile, digne d’un certain Sol. Mais, il sait aussi, le moment venu, nous émouvoir quand il rappelle le souvenir de sa grand-mère décédée, sa grande source d’inspiration et qui, encore aujourd’hui, vit au travers ses contes. Comme quoi que la mort n’est pas une finalité en soi!

Un peu avant de monter sur scène, mentionnons que Fred Pellerin a invité son frère Nicolas et ses musiciens à interpréter quelques pièces de leur répertoire, question de «faire friser les oreilles» du public avant le début de son spectacle. Incidemment, le trio de Nicolas Pellerin sera de retour sur la même scène le 5 décembre prochain à l’occasion d’un spectacle du Service des arts et de la culture de la Ville de Saint-Eustache à cet endroit.