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Enbridge: Perturbations aux audiences de l’Office national de l’énergie

Photo: Courtoisie – Jean Léger

Enbridge: Perturbations aux audiences de l’Office national de l’énergie

Publié le 10/10/2013

Les audiences publiques de l’Office national de l’énergie entourant le projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge, qui se tiennent du 8 au 11 octobre à Montréal, ont été perturbées par la manifestation d’une vingtaine de militants environnementalistes qui remettent en cause le processus des audiences de l’ONÉ et son indépendance décisionnelle. 

Tandis qu’un groupe manifestait à la place Jean-Paul-Riopelle, une quinzaine d’opposants ont interrompu les participants en pleine argumentation devant les commissaires de l’ONÉ. Vêtus d’un t‑shirt affichant clairement leur position Non au sale pétrole, ils se sont levés l’un après l’autre pour proclamer leur opposition en lisant l’histoire (fictive) de M. Enbridge, et ce, malgré les avertissements d’expulsion de la présidente du comité, Lyne Mercier. Les policiers les ont donc escortés hors du Palais des congrès, où se tenait l’évènement.

L’opération avait été organisée par Greenpeace en collaboration avec des membres de différentes organisations citoyennes comme Coalition vigilance oléoducs, où l’on retrouve notamment le Mirabellois Jean Léger. Ce dernier a d’ailleurs pris part à la manifestation-surprise dans la salle d’audience.

Dans un point de presse tenu quelques minutes plus tard, en marge des audiences, M. Léger a expliqué les raisons de cet acte. «Nous n’en voulons pas aux commissaires, mais au processus des audiences. Le mandat de l’ONÉ n’est pas si transparent. Les citoyens sont pratiquement exclus du processus et c’est ce qu’on dénonce.»

«Ce sont des audiences à caractère anti-démocratique», a renchéri Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. Selon ses dires, depuis l’adoption du projet de loi C‑38 en 2012, le mandat de l’Office national de l’énergie a été restreint, de sorte qu’il ne peut désormais recevoir que les citoyens et organisations directement concernés lors d’audiences publiques comme celles‑ci, tel que stipulé par l’ajout de l’article 55.2.

Pour le représentant de Greenpeace, il est clair que le gouvernement Harper désirait favoriser l’exploitation du pétrole tiré des sables bitumineux de l’Ouest. Quant à l’évaluation environnementale fortement réclamée auprès du gouvernement Marois, elle se fait attendre.

Malgré sa promesse en 2012 d’une telle étude, le gouvernement Marois démontre depuis une ouverture au projet d’Enbridge. Jean Léger est perplexe. «Le gouvernement doit connaître l’ensemble du dossier et cela passe par une évaluation environnementale», insiste‑t‑il.

D’autres gouvernements le font, indique‑t‑il, en référant à la Colombie-Britannique, qui a refusé le projet d’oléoduc d’Enbridge Northern Gateway après avoir fait réaliser une étude environnementale.

Les écolos remporteront‑ils leur bataille? Cela reste à voir, puisque ces audiences se poursuivront à Toronto la semaine prochaine. L’organisme Équiterre a d’ailleurs reporté son audience lors de cette fin de course. Mais le plaidoyer favorable au projet d’inversion de la ligne 9B déployé dans la matinée par l’Association industrielle de l’Est de Montréal et les Manufacturiers et exportateurs du Québec, et qui suivait l’argumentaire d’Enbridge déposé la veille, laissait déjà entrevoir une issue incertaine à la démarche des groupes environnementaux.

Une délégation de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, où passe également la ligne 9B, s’est toutefois pointée pour faire entendre ses inquiétudes: Guy‑Lin Beaudoin, directeur général de la MRC Vaudreuil-Soulanges, Réal Brazeau, maire de Rigaud, Jean A. Lalonde, maire du Très-Saint-Rédempteur, et Patricia Domingos, mairesse de Sainte-Justine-de-Newton. «Ce n’est pas que l’on s’oppose au projet, mais on veut des réponses à nos questions sur les mesures de sécurité», a laissé savoir dans l’entre-porte la mairesse Domingos.

Du côté des MRC de Mirabel et de Thérèse-De Blainville, seul le nom du maire de Sainte-Anne-des-Plaines, Guy Charbonneau, est inscrit sur la liste des participants.