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<strong>D’excuses et de larmes</strong>

D’excuses et de larmes

Publié le 24/01/2013

Vous êtes-vous excusé ou avez-vous pleuré récemment? Sinon, faites-le. À qui, de quoi et pourquoi? Pas important, ce qui compte c’est de le faire comme l’ont fait les Bettman, Fehr, Molson, nos vedettes de la LNH et ce cher Lance. Vous allez voir, ça marche.

D’abord les excuses et pleurs inutiles. Dites-moi de quoi et pourquoi la LNH, le proprio du CH, le représentant de l’AJLNH et nos vedettes en lock-out se sont fendus en excuses au lendemain du règlement du conflit? Je pense n’avoir jamais assisté à une séance de mea-culpa lors du règlement d’une grève dans le secteur privé ou public. Pourquoi en serait-il autrement pour le monde du sport? Je l’ai dit et je le répète, ni les équipes de hockey ni les joueurs ne nous appartiennent. C’est nous qui payons leur salaire? «Pantoute», pas plus que nous payons celui des travailleurs de Bombardier, GM, Ford ou Hyundai. Les propriétaires de club ont acheté leur franchise à gros prix et les joueurs sont des PME; ils ne s’entendaient pas sur les conditions de travail, les proprios ont imposé un lock-out, ils ont négocié, pris le risque de mettre leur commerce et leur gagne-pain en danger et finalement, ils ont réglé. Point à la ligne. Les excuses ne servent qu’à ramener les partisans à de meilleurs sentiments. Et ça marche! Certains se sont fait geler pour une entrée avec hot-dogs, frites et Coke gratuits, à un match intra-équipe au Centre Bell. La cabane était pleine contre les Maple Leafs et elle le sera pour les 24 matchs locaux. Alors, tous les pleurs de partisans indignés «qu’on ne verra plus jamais à un match au Centre Bell» n’étaient que foutaise. Peu importe leurs péchés, nos chéris sont pardonnés. «Une bière et un hot-dog», «Tout de suite, monsieur. Ça sera 15 $!»

Dans la catégorie des excuses et pleurs hypocrites, l’Oscar va au septuple champion du Tour de France, le supposé repenti Lance Armstrong. Il s’est excusé à une complaisante compatriote de s’être dopé, loin des cours de justice où, de toute évidence, cela aurait dû se passer. Il s’est excusé à tout le monde sauf à ceux qu’il a spoliés durant toutes ces années, les athlètes qui se sont tenus loin des drogues. Il était le meilleur dopé parmi un peloton de dopés, direz-vous, et à ceux-là il n’a pas à s’excuser. Mais il aurait plutôt dû implorer le pardon de tous ces honnêtes athlètes qui ont bûché corps et âme sans jamais accéder à ce peloton justement par leur refus de recourir aux drogues. On ne connaîtra jamais leurs noms parce qu’ils ont compris que sans ces béquilles, ils ne parviendraient jamais au sommet. Les larmes de crocodile du champion déchu se sont frayé un chemin devant l’œil avide de la caméra, lorsqu’il a abordé le sujet de sa famille et de sa fondation. L’émotion, ça c’est de la bonne télévision, Lance et Oprah le savaient. N’ayez crainte pour Lance. Il va bientôt écrire un livre et son histoire sera portée à l’écran pour venir grossir sa fortune. On va acheter le livre et voir le film pendant que tous ceux qui pourraient le poursuivre vont hésiter à le faire à cause de Livestrong, une fondation qui lutte contre le cancer et dans laquelle Lance a investi pas mal de son argent malhonnêtement gagné. La maladie fait fléchir bien des cœurs et ouvre la voie du pardon, amen!

Pleurs et excuses hypocrites ont éclipsé les quelques larmes sincères de la semaine, celles d’Émilie Heymans. Après 16 ans d’olympisme, elle tire sa révérence, un moment toujours difficile à vivre. Je doute qu’elle écrive un livre ou que l’on tourne un film sur sa vie; elle la gagnera durement en risquant ses économies sur une ligne de maillots de bain. Ainsi va la vie.