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<strong>Des services limités pour braver le temps froid</strong>

Des services limités pour braver le temps froid

Publié le 25/01/2013

Si la saison hivernale est une plaie pour les itinérants, il n’est pas difficile d’imaginer la panique qu’engendre une semaine de froid arctique. Depuis le début de la semaine, pas moins d’une dizaine d’Eustachois vivent une situation catastrophique: ils n’ont pas de toit où s’abriter pour la nuit.

Ces jours-ci, le travailleur de rue Mathieu Lavoie ne sait plus où donner de la tête. Il se démène du matin au soir pour répondre aux appels d’urgence qu’il reçoit. Au moins une trentaine à chaque jour. C’est son rythme de travail depuis qu’il a commencé à travailler pour l’Écluse des Laurentides, en 2010. Quand ce ne sont pas les policiers qui requièrent ses services, ce sont les organismes communautaires et les centres de crise.

Mais ce qui préoccupe le travailleur social depuis dimanche, ce sont les personnes dans la rue qui ont froid. Il s’inquiète. Saint-Eustache ne dispose que d’un seul centre d’hébergement avec lits pour accueillir ces personnes: Le Répit. Situé sur la rue Ferré, l’endroit offre à peine six lits pour héberger des personnes sans toit pour la nuit. Et, depuis le début de la semaine, aucune place n’est disponible.

Selon le travailleur social, le manque de financement empêche les organismes communautaires de développer davantage de services comme de l’hébergement ou encore d’ajouter des lits.

Mais la situation des itinérants en région n’est pas simple, car place disponible ou non, certains n’y ont même pas accès. Mathieu Lavoie affirme que le nom de ceux souffrant d’un problème de santé mentale peut être inscrit sur la black list (liste noire).

Une situation que nie la directrice du centre Le Répit, Marie-Claude Renaud, qui tient à préciser qu’on ne refuse ou sort une personne du refuge que si elle se comporte de façon agressive.

Préoccupée par l’arrivée du froid glacial, celle-ci cherche d’ailleurs des solutions pour tenter de laisser le centre ouvert ce week-end. Pour le moment, la seule intervenante que son budget lui permet de payer ne suffit pas pour accueillir la quinzaine de personnes fréquentant le centre de jour et quatre personnes supplémentaires durant la nuit.

En cette semaine de froid glacial, l’instinct de survie des itinérants les pousse donc à chercher une source de chaleur de nuit comme de jour. Outre l’hôpital ou certains établissements de restauration rapide ouverts 24 heures sur 24 pour s’abriter durant la nuit, il ne leur reste que les centres de jour et les centres commerciaux pour se réchauffer le jour.

Ils ne sont toutefois pas les bienvenus dans les centres commerciaux. Les commerçants n’apprécient pas leur présence, souligne le travailleur de rue. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à qualifier leur attitude d’intolérance. «Pour eux, voir quelqu’un assis avec son gros manteau et un sac à dos, c’est pire qu’une personne âgée qui passe ses journées au café», déplore-t-il.

En trois jours, Mathieu Lavoie n’a réussi à loger qu’une seule personne parmi les dix dont le nom figurait sur sa liste. Pas facile en dehors des ressources d’hébergement. Les logements se font rares, ce qui a fait grimper le prix exigé. En 2013, il en coûte près de 600 $ par mois pour un 3 1/2. C’est beaucoup trop pour certains, fait-il remarquer.