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Des citoyens de la Rive-Nord se sentent interpellés

(Photo Marie-Ève Auclair) – Les médecins et intervenants ayant participé à cette soirée en défaveur de l’euthanasie.

Des citoyens de la Rive-Nord se sentent interpellés

Publié le 11/01/2011

Plus d’une centaine de personnes se sont senties interpellées par le sujet de l’euthanasie et du suicide assisté et se sont ralliées, il y a quelque temps, au Centre communautaire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, en défaveur de ces méthodes pour hâter la mort de malades incurables qui font actuellement l’objet d’une commission spéciale de la santé et des services sociaux sur la question de mourir dans la dignité.

Ayant été témoin de la mobilisation massive à Saint-Bruno-de-Montarville pour se renseigner et de réfléchir sur cette épineuse question en août dernier, Jean Deslauriers, un résidant de Deux-Montagnes, a jugé bon que les citoyens de la Rive-Nord aient eux aussi le droit d’être clairement informés.

C’est d’ailleurs encore tout ébranlé par le décès de son frère des suites d’une maladie incurable quelques jours auparavant que M. Deslauriers a animé cette soirée informative organisée de concert avec les Chevaliers de Colomb de Saint-Eustache. Six médecins ont profité de la tribune qui leur était offerte pour faire connaître leur position unanime contre l’euthanasie et le suicide assisté et prôné une fin de vie naturelle.

Les membres du public ont aussi été invités à soumettre leurs questions et commentaires. Ce segment de la soirée a donné lieu à de poignants témoignages de gens ayant vécu de près la perte d’un être cher dans des circonstances où la problématique de l’abrégement des souffrances a émergé.

Comme cette dame, Marjolaine Girard, une infirmière de profession qui s’est retrouvée veuve à 39 ans après que son concubin soit décédé du cancer après une agonie de huit mois. «Ça peut sembler bizarre à dire, mais l’enfant issu de notre couple et moi avons vécu la plus belle semaine de notre vie dans les derniers jours d’existence de mon conjoint. Après avoir hésité à se marier religieusement, un de mes souhaits les plus chers, il m’a surpris en acceptant de le faire. Nous avons prononcé nos vœux de mariage à l’hôpital en présence d’un curé», a expliqué la dame avec émotion.

«Et comme père, il a exprimé son amour à son enfant. Des mots importants à entendre pour un adolescent de 12 ans qui s’apprête à perdre son père. Avoir eu recours à l’euthanasie aurait probablement abrégé les souffrances de mon conjoint, mais nous aurait néanmoins privés de moments irremplaçables d’euphorie et de sérénité partagées. Il ne faut pas ignorer la vertu de la souffrance», a-t-elle extériorisé, suscitant l’acquiescement des médecins présents à la tribune et de plusieurs représentants du public.

Les médecins ont pour leur part insisté sur le fait que la médecine actuelle offrait les moyens de soulager la douleur inhérente à une maladie incurable. Certains ont indiqué qu’aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, trois pays où l’euthanasie a été légalisée, près de la moitié des cas d’intervention euthanasique n’ont pas été rapportés aux autorités gouvernementales.

«Choisir l’euthanasie, c’est choisir la facilité. La décision d’un médecin d’opter pour cette méthode se fait-elle toujours en toute connaissance de cause? Des pressions familiales injustifiées ou des considérations purement administratives peuvent motiver un tel choix», a notamment soulevé le docteur Joseph Ayoub, oncologue aux soins palliatifs autrefois directeur du Centre d’oncologie à l’hôpital Notre-Dame.