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<strong>De l’antichambre à la chambre</strong>

De l’antichambre à la chambre

Publié le 29/01/2013

Michel Therrien est de retour dans la mythique chambre du Canadien de Montréal. Il y a passé beaucoup de temps entre 2000 et 2003, mais il est renvoyé tôt en 2003 à la suite d’une noire série de défaites. Il ne reste pas au chômage longtemps et se retrouve bientôt à la barre des Penguins de Wilkes-Barre avant de graduer à Pittsburgh en mi-saison 2005-2006. En y dirigeant les Crosby de ce monde, son équipe se rend jusqu’en finale de la Coupe Stanley, où elle échoue devant les tout-puissants Red Wings de Détroit. En février suivant, il subit le sort inévitable de tout entraîneur et se retrouve finalement comme analyste à l’Antichambre de RDS.

Pour le peu de fois que j’ai regardé cette émission (trop tard pour un vieux…), j’ai toujours aimé les commentaires de Therrien, mais surtout comment il mettait à leur place les gérants d’estrade qui participaient, et participent malheureusement toujours, à ce rendez-vous d’après match. Son expérience récente et ses propos mesurés lui donnaient à mes yeux une crédibilité qui fait cruellement défaut à d’autres coachs d’un lointain passé. Son retour derrière le banc du CH m’amène à vous parler de l’omniprésence des médias dans les coulisses du hockey.

De tout temps, les médias écrits ont eu un accès privilégié aux joueurs du Canadien. Les Jacques Beauchamp, Jerry Trudel et autres vieux routiers ont partagé avec les vedettes du temps plusieurs confidences qui, par respect (une notion existante à cette époque), ne se retrouvaient pas à la une le lendemain matin. Avec la multiplication des publications et la compétition inhérente ainsi que l’avènement des réseaux de télévision et sociaux, l’intrusion dans la vie professionnelle et privée des athlètes s’est intensifiée. On a maintenant droit à un commentateur assis au bout du banc des joueurs, on a vu certains joueurs et entraîneurs porter un micro durant les matchs (expérience pénible et heureusement de courte durée) et on fait de courtes entrevues avec l’adjoint durant le match en cours. On rencontre les épouses, on visite les résidences et leur cave à vin, témoins de cette opulence décriée par des amateurs qui aiment cependant bien y rincer leur œil de voyeur. Et depuis ce dernier week-end, RDS met à l’affiche 24 CH, une téléréalité qui fouinera dans la vie quotidienne de nos «héros».

Par devoir professionnel (?), j’en ai visionné le premier épisode. Sauf pour la musique trop dramatique et la voix du narrateur qui semble décrire la fin de la Deuxième Grande Guerre, je dois avouer que j’en ai apprécié le contenu. En raison du conflit de travail, le matériel y était abondant en ces jours de retour au travail. Mais qu’en sera-t-il au quotidien? C’était bien de voir Therrien et Bergevin annoncer à une recrue aux anges qu’elle ne serait pas renvoyée, mais allons-nous assister à une entrevue de congédiement? C’était gentil de savoir qu’il ne faut pas marcher sur le gros CH trônant au centre du prestigieux vestiaire et de voir en caméra cachée (?) les discours des Bergevin et Therrien avant le match. Mais jusqu’où vont aller ces incursions dans la vie quotidienne de notre club vénéré? Seuls l’avenir et le professionnalisme de RDS et du Canadien nous le diront. Je souhaite simplement que Therrien n’aille pas là où Bob Hartley s’est rendu dans la série Montréal-Québec. Pour moi et plusieurs, ce dernier y a laissé une bonne partie de sa crédibilité et peut-être sa chance de diriger le Canadien. Il ne faut jamais oublier qu’au hockey, le vrai spectacle se donne sur la glace, pas dans l’avion, l’autobus ou dans le vestiaire.