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Courir

Courir

Publié le 24/09/2013

Au moment d’écrire ces lignes, le signal du départ du Marathon de Montréal vient tout juste de retentir pour plus de 30 000 participants aux 5 et 10 km ainsi qu’aux demi-marathon et marathon. Cette compétition d’envergure internationale, comme toutes les autres de cet acabit, a bien vite fait d’attirer l’attention sur ses «retombées économiques» comme La Presse le titrait sur son cahier Sports de samedi dernier, «Le marathon, plus rentable que la F1.» Pfft, les retombées économiques! Ce beau concept n’est rien d’autre qu’une invention de publicitaires et quêteurs de subventions. Les Grand Prix de Montréal, Festival du Jazz, Francofolies, Juste pour rire, tous se bousculent aux portes des gouvernements de tous niveaux pour leur faire avaler combien leur événement respectif est rentable en taxes et revenus. Ils les convainquent ensuite que leur aide (subventions) est essentielle à la continuité de la tenue de ces événements, non seulement fort populaires, mais aussi très alléchants en retombées électorales. Et, chers amis, c’est ainsi que vivent grassement les Ecclestone, Legault, Rozon et compagnie. Pourquoi ne pas plutôt, pour une fois, souligner les bénéfiques retombées de la course à pied sur la santé physique et mentale de ceux qui le pratiquent?

Au fil des ans, vous avez souventes fois lu dans ces pages les résultats de course des Gosselin, St-Onge, Proteau, Poisson, et autres adeptes de course à pied devenus marathoniens et même Ironmen (ou women). Parmi les trente mille coureurs de dimanche dernier, ils y étaient peut-être, avec bien sûr quelques milliers de visiteurs;  mais on en comptait aussi un bon nombre qui sont tout simplement un père, une mère, un fils ou fille, un neveu ou un voisin. Ces derniers n’auront pas gagné le Marathon et n’ont pas nécessairement été des générateurs de «retombées économiques» comme l’entendent les grands économistes, mais ils le sont indirectement en entretenant une forme physique qui les tient loin de notre coûteux système de santé. Au Marathon de Montréal 2012, 686 hommes et femmes de 55 ans et plus en superforme ont participé et terminé le marathon (175) et le demi-marathon (511). Sauf pour de malencontreuses blessures, ce ne sont certainement pas ces gens qui fréquentent nos encombrées salles d’urgence.

Par le biais du journal, j’ai maintes fois eu l’occasion de m’entretenir non seulement avec ces athlètes marathoniens de la région, mais aussi avec des membres de leur famille. Il se dégage de ces gens une sérénité et un bien-être difficile à définir malgré les nombreux sacrifices nécessaires à la splendide forme physique qu’ils affichent. Vous êtes tous bien conscients qu’on ne se lève pas un matin en se disant: «Tiens, je vais courir le Marathon de Montréal!» Que ce soit pour le 5, 10, 21 ou 42 kilomètres, les préparations physique et mentale transforment le mode de vie de l’athlète et aussi celui de son entourage. Discipline alimentaire et physique, gestion du temps alloué à l’entraînement, au travail et à la famille, dosage des entraînements, acceptation des sautes d’humeur passagères, tout y passe. Mais au fil d’arrivée, c’est un athlète heureux d’avoir relevé son défi qui retrouve famille et amis tout aussi fiers d’avoir contribué à cette réussite qui, dans bien des cas, déclenche un effet d’entraînement parmi les proches.

Tout bien réfléchi et à mon point de vue, retombées pour retombées, celles du Marathon sont beaucoup plus bénéfiques que celles du Grand Prix et autres festivals où elles sont comptabilisées en nombre de bières vendues et de restaurants et hôtels fréquentés.