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Bon endroit, bon moment

Bon endroit, bon moment

Publié le 27/02/2013

Loin de moi l’idée de minimiser l’impact de la présence de Michel Therrien derrière le banc du CH. L’ex-coach des Penguins de Pittsburgh devenu pour un temps analyste régulier à RDS n’y a jamais eu la langue de bois alors qu’il avait à se prononcer sur le travail des joueurs ou même des entraîneurs. À ce point que certains ont craint qu’il s’était peut-être mis un pied dans la bouche plus souvent qu’à son tour et qu’une fois devenu l’entraîneur-chef du CH, il se rendrait bien compte qu’il y avait un grand pas entre parler coaching à une émission de sport et livrer la marchandise une fois derrière le banc.

Force est d’admettre que jusqu’ici, et j’insiste sur le jusqu’ici, Michel Therrien ne s’est pas trompé souvent. Avec l’aide de Marc Bergevin, ils ont mis à leur main un talentueux jeune défenseur qui se prenait un peu trop pour le messie en la personne de P.K. Subban; Bergevin en lui tenant tête lors des négociations de contrat et Therrien en lui demandant de laisser au vestiaire le low five qu’il pratiquait avec arrogance en compagnie de Carey Price après chaque victoire.

Therrien ne s’est pas trompé non plus lorsqu’il s’est entouré d’un groupe d’adjoints des plus compétents; il n’a pas eu peur de donner du travail à des gars qui pourraient un jour aspirer à diriger un club dans la LNH, donc des candidats potentiels à lui succéder, lorsque son message cessera de passer. Gérard Gallant est un de ceux-là.

Therrien et ses adjoints ne se sont pas trompés non plus lorsqu’ils ont décidé de donner leur chance à deux jeunes joueurs dont un d’âge junior, Brendan Gallagher et Alex Galchenyuk.

Therrien a encore eu raison de faire confiance à René Bourque qui avait grandement déçu après avoir été acquis des Flames de Calgary en fin de saison dernière tout comme il a eu raison de payer un petit voyage dans les estrades à Lars Eller en début de saison; les deux hommes ont bien répondu à ces messages sans équivoque.

Tout cela est donc fort bien et c’est avec une ronflante fiche de 12 victoires en 18 matchs que notre CH trône au sommet de la Conférence de l’Est. Tout honneur et toute gloire ayant été rendus au sieur Therrien, il convient cependant de mentionner que ses prédécesseurs n’ont pas eu la veine de compter sur certains éléments qui ne sont certes pas à dédaigner. À commencer par Andrei Markov, qui peut nier l’importance de ce leader silencieux? Blessé et absent au cours des deux dernières saisons, il est une carte maîtresse dans le jeu du coach Therrien autant en offensive qu’en défensive à cinq contre cinq, sur les jeux de puissance tout comme en désavantage numérique. Le capitaine Brian Gionta en est un autre dont les deux prédécesseurs de Therrien ont dû se priver pour la majeure partie de la dernière saison. Ajoutez à cela l’émergence de Raphaël Diaz (3e pointeur de son équipe avec 12 points en 18 matchs), l’expérience acquise par Alexei Emelin (parmi les meneurs dans les mises en échec) et la robustesse intelligente de Brandon Prust et vous avez là une équipe pas si différente de celle de l’an dernier sur papier, mais à des milles d’avance une fois sur la glace. Voilà ce que c’est que d’être au bon endroit, au bon moment.

Bien sûr qu’il faut féliciter Bergevin et Therrien pour le travail accompli et pour la nouvelle énergie insufflée à cette équipe moribonde au printemps dernier, mais il ne faudrait pas oublier les Timmins, Savard et autres travailleurs de l’ombre qui ont amené ces talents à Montréal. Si vous les avez oubliés, Bergevin et Therrien, eux, savent ce qu’ils leur doivent.