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<strong>Bagarres dans la LNH: frapper là où ça fait mal!</strong>

Bagarres dans la LNH: frapper là où ça fait mal!

Publié le 13/11/2013

«Quoi, êtes‑vous devenu fou?» Cette boutade, elle provient de la bouche du gardien de but des Flyers de Philadelphie, Ray Emery. C’est nul autre que Gary Bettman, le commissaire de la LNH, qui rapporte la chose. Emery lui aurait répondu de cette façon alors que les deux hommes se sont rencontrés il y a quelques semaines à la Maison-Blanche et que Bettman lui aurait demandé s’il se serait attaqué à Braden Holtby s’il y avait eu un règlement prévoyant une suspension automatique de 10 matchs lorsqu’un gardien franchit la ligne rouge en vue d’engager un combat avec son homologue de l’autre équipe.

Le 1er novembre dernier, le gardien des Flyers de Philadelphie a en effet traversé la patinoire pour aller donner une leçon au gardien des Capitals de Washington, Braden Holtby. Est‑ce le resserrement de la réglementation qui l’en aurait empêché? Non. Ou bien la perspective de terminer le reste du match au vestiaire? Non plus. La seule raison pour laquelle il aurait refusé de se battre, c’est la petite cloche qui aurait sonné dans sa tête et lui aurait fait dire: «No, no, no, Ray, don’t cross this red line because…? Because…?» Because tu vas perdre 10 matchs. Because tu vas perdre l’équivalent de plus de 12,5 % de ton salaire annuel.

Eh oui, les joueurs de la Ligue nationale de hockey savent compter lorsque ça compte! Il faut bien se l’avouer, la seule façon d’obliger une bonne partie des joueurs de hockey à se conformer à cet ultime règlement est de brandir la menace ultime, le spectre de lui retirer une partie de son salaire. Remarquez que c’est la même chose pour les automobilistes. C’est bien plus la peur des contraventions (amendes salées, points d’inaptitude et retrait du permis) que les seules campagnes de prévention qui fait en sorte que les plus récalcitrants de nos pilotes de Honda Civic se tiennent tranquilles.

Neuf joueurs sur dix de l’Association des joueurs de la LNH se sont prononcés contre l’abolition des bagarres. Ah oui? Ben, voyons donc! Pour voir si des gars qui forment un syndicat iraient littéralement arracher des mains d’une trentaine de leurs cotisants ce qui fait leur pain et leur beurre. Et je dis une trentaine parce qu’il y a au moins un joueur par équipe dans la LNH qui est engagé strictement pour arrêter le jeu le temps d’une bataille, tant il a de la difficulté à le suivre! Et l’argument selon lequel les batailles servent de soupape pour faire baisser la tension et éviter les coups vicieux ne tient pas non plus: la très grande majorité des ligues sportives professionnelles de haut niveau interdisent les bagarres et ne sont pas aux prises avec un plus grand nombre d’épisodes de violence gratuite. Remplaçons les Matt Cooke, Patrick Kaleta, Chris Neil, Raffi Torres, Steve Ott, Tod Bertuzzi et compagnie par des joueurs de talent capables de jouer au hockey. En punissant plus sévèrement, par des suspensions à long terme rapidement, la LNH enverrait un message clair que la récréation est finie. Le système finirait par s’épurer – ou du moins serait‑il purgé de ses éléments les plus dommageables le temps des suspensions… C’est bien dommage à dire, mais pour enrayer les bagarres dans la LNH, il faudrait frapper un grand coup là où ça fait mal: le portefeuille des joueurs.