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Athlète d’exception

Athlète d’exception

Publié le 10/05/2011

Quelles sont les caractéristiques qui permettent d’identifier un athlète qui parvient à atteindre un statut très particulier? C’est la question que je me suis posée après avoir assisté à la conférence donnée par Samuel Giguère aux joueurs des Centurions de la polyvalente Deux-Montagnes. Dans son cas, il a commencé à se faire un nom alors qu’il évoluait au sein du réseau de football collégial AAA. Avec sa rapidité hors de l’ordinaire, lorsque rendu éligible au niveau universitaire, ce receveur de passes qui avait capté l’attention de recruteurs a reçu des propositions intéressantes de la part d’institutions aux États-Unis de même que des clubs universitaires de premier plan au Québec. Cependant, il a tout de même choisi le club du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke qui en était qu’à sa 2e année d’existence. Avec les moyens limités du Vert et Or, en étant contraint au début de peaufiner les rudiments de sa position sans entraîneur, cela a favorisé son autonomie. De plus, en se joignant au réputé club d’athlétisme de cette université, et en acquérant une technique de course et des méthodes d’entraînement appropriées, l’atout de sa rapidité a pris encore plus de valeur. Samuel Giguère est devenu un choix de 1re ronde des Tiger-Cats de Hamilton et surtout, il s’est avéré l’un des rares Québécois à signer un contrat avec une équipe de la Ligue nationale de football. Pourtant, à l’époque, ses proches s’étaient montrés en désaccord avec son choix.

De son côté, même s’il se faisait un malin plaisir à mystifier les défensives adverses dans les rangs mineurs, combien de fois, en raison de sa petite taille, on a dit à Martin St-Louis qu’il n’arriverait jamais à jouer dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Boudé par Équipe Québec alors qu’il trônait au premier rang des meilleurs marqueurs du midget AAA, il n’a jamais été repêché chez les juniors, et il a dû emprunter les collèges américains et les ligues mineures avant d’émerger avec le Lightning de Tampa Bay. Encore aujourd’hui, à 36 ans, celui qui a déjà remporté le championnat des marqueurs de la LNH et possède une bague de la Coupe Stanley joue un rôle de premier plan au sein de la formation de Tampa Bay, toujours active dans le carré d’as des séries éliminatoires. Quelles conclusions tirer des histoires de Giguère et de St-Louis? Qu’au-delà du talent, dans le cas des athlètes d’exception, cela se résume à une force de caractère hors du commun, une détermination exceptionnelle et beaucoup d’intelligence, pour entretenir une perception juste des données qui composent son environnement de compétition.

Un bel exemple de ce dernier point provient d’ailleurs des propos relevés de Giguère. «Quand je me suis mesuré à des receveurs américains qui aspiraient comme moi à faire carrière dans la NFL, j’ai compris que je ne deviendrais jamais probablement aussi talentueux qu’eux. Par contre, à partir de là, je me suis promis que pour compenser, il n’y a pas un de ceux-ci qui va s’entraîner et se préparer aussi intensément que moi.»

Enfin, avec l’âge et la sagesse, personnellement, j’aurais tendance à croire qu’il y a quelque chose qu’on parvient difficilement à cerner, mais qui nous mène souvent à bon port. Il s’agit de notre intuition. Je suis convaincu qu’un jour ou l’autre, cela influence un individu à ressortir du lot au sein de sa communauté, peu importe son domaine d’activité.