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La femme aux cartes postales

La femme aux cartes postales (Éditions de la Pastèque)

La femme aux cartes postales

Publié le 06/05/2016

La vie est parfois étrange, imprévisible et même cruelle. Une décision prise un jour, et voilà le cours de notre vie changé à jamais. C’est ce qui arrive à une certaine Rose qui, un matin d’avril 1957, décide de quitter son village de Sainte-Émilie de Caplan, en Gaspésie, pour devenir ce qu’elle veut être, pour prendre sa place à elle. Sa destination? Montréal. Son but? Chanter sur les scènes des prestigieux cabarets de jazz de la métropole.

Voilà le parcours de Rose que nous racontent le scénariste Claude Paiement et le dessinateur Jean-Paul Eid dans La femme aux cartes postales (Éditions de la Pastèque), un titre dont on saura le pourquoi au fil des pages.

Auteur et metteur en scène, Claude Paiement a d’abord été formé en interprétation par l’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, en 1987. Trois ans plus tard, il fonde avec le comédien Sylvain Marcel le Théâtre Harpagon, une compagnie essentiellement vouée à la création. Parallèlement à sa carrière de dramaturge, Claude Paiement s’intéresse à la bande dessinée et scénarise en 1999 avec Jean-Paul Eid Le naufragé de Memoria, série pour laquelle ils remportent plusieurs prix importants.

S’il est surtout connu pour son personnage de Jérôme Bigras, apparu dans les pages du défunt magazine québécois Croc, il faut savoir que Jean-Paul Eid œuvre dans le domaine de la bande dessinée et de l’illustration depuis 1985. Outre ce personnage fétiche qu’il a créé, il a aussi signé, entre autres, l’album Le fond du trou, lequel est transpercé d’une couverture à l’autre par un véritable trou autour duquel s’articule le scénario.

Mais, cette fois-ci, pas de personnages caricaturaux pour Jean-Paul Eid qui, sur ce scénario de Claude Paiement, se met en mode réaliste sur le plan graphique, et en noir et blanc. Les deux auteurs replongent ici le lecteur à la fin des années 1950, alors que les nightclubs montréalais mettant en vedette les plus grands jazzmen de l’époque vivent leurs derniers moments. Mais Rose, devenue Rosie Rainbow, et ses deux compagnons de scène, le pianiste Lefty King et le trompettiste Tricky McPhee qu’elle va marier, ne le savent pas encore lorsqu’ils brûlent les planches du Jazz Hot.

Mais il n’y a pas que cette histoire dont il est question. En parallèle, presque 45 ans plus tard, en 2002, un certain Victor Weiss apprend qu’il avait un frère jumeau, retrouvé mort dans les décombres des tours jumelles du World Trade Center lors des attentats du 11 septembre 2001. Pour ce professeur d’anthropologie de l’Université de Paris, c’est le début d’une quête identitaire qui le mènera jusqu’en Gaspésie.

Voici ici un récit à la fois nostalgique et émouvant que nous offrent, avec brio faut-il le dire, Jean-Paul Eid et Claude Paiement. Une œuvre de fiction d’une grande richesse qui ne peut laisser personne indifférent…