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Molière revisité et désacralisé à l’ETP

Publié le 30/11/2019

Y a-t-il un cocu dans la salle? Probablement. Un faux médecin? Assurément! Une jeune révoltée qui souhaite en donner pour son rhume à un vieillard effronté? Hum! Mènera-t-on égoïstement sa quête en se lançant des grossièretés? Est-ce qu’on se donnera des coups de bâton? Après tout, on est chez Molière!

Y a-t-il un cocu dans la salle? Probablement. Un faux médecin? Assurément! Une jeune révoltée qui souhaite en donner pour son rhume à un vieillard effronté? Hum! Mènera-t-on égoïstement sa quête en se lançant des grossièretés? Est-ce qu’on se donnera des coups de bâton? Après tout, on est chez Molière!

On se donnera même du «Peste du fou fieffé!» , figurez-vous, puisqu’avec un tel titre, Les Farces de Molière, on annonce bien les couleurs d’un spectacle énergique et coloré qui se réclame tout de même d’une certaine modernité et qui table sur cette propension que nous aurions, de nos jours, à privilégier le paraître dans le délicat exercice des relations humaines. Même Molière avait prévu le coup.

Les références aux réseaux sociaux (Facebook, Snapchat et autres Tinder) étaient légion dans cette conférence de presse animée par les finissants de l’École de théâtre professionnel (ETP) du Collège Lionel-Groulx, qui poussaient l’exercice jusqu’à nous offrir le segment habituellement réservé au metteur en scène (en l’occurrence Michel-Maxime Legault) dans une vidéo utilisant allègrement l’imagerie propre à ces moyens de communication que nous utilisons parfois pour ne rien dire, sinon pour envoyer des grimaces aux gens que nous aimons.

Redécouvrir le texte

«Molière, c’est jeune, c’est vif, c’est sexuel» , résumait d’ailleurs ce dernier en insistant sur le caractère actuel du propos qu’on s’efforcera tout de même de désacraliser en insistant justement sur cet aspect des choses, en inversant notamment les genres, en rappelant aussi qu’au théâtre, on peut tout faire. «On dirait qu’on redécouvre le texte en faisant ça» , de dire celui qui a mené sa troupe dans la construction d’un spectacle esthétiquement épuré, qui ne reniera pas ses origines en conservant, par exemple, des extraits musicaux composés à l’époque par Lully, auxquels on aura toutefois ajouté des lignes de basse électrique, nous disait la conceptrice de l’environnement sonore, Rachel Locas.

Pour accueillir ces quatre farces (La jalousie du Barbouillé, Le médecin volant, Le mariage forcé et Le médecin malgré lui), la scène du Théâtre Lionel-Groulx se transformera en place publique, grâce à la scénographe Roxanne Gariépy qui y voyait la possibilité de créer un plateau habité par de nombreux personnages en mouvement, un espace où le dynamisme et l’énergie des corps pourront s’exprimer à souhait. «Le TLG n’aura jamais été autant utilisé» , annonçait la conceptrice.

En élaborant sa conception des costumes, Tristane Sybelle Girard s’est engagée dans cette même idée de rajeunir la pièce, ce qu’elle a fait en créant des vêtements d’allure moderne qui jouent avec les corps et la ligne de chacun des interprètes. La complicité entre Molière et le Roi-Soleil se reflétera par ailleurs dans les éclairages de Léa Bussière, laquelle a opté, dit-elle, pour la simplicité et la lumière naturelle.

Sur le plan du jeu, les interprètes conviennent qu’il y a des aspects dont on ne saurait s’affranchir quand on joue Molière (le tonus vocal par exemple), mais qu’on s’est tout de même efforcé de briser un certain moule, de chasser certains stéréotypes, de réfléchir à une autre manière de jouer ce théâtre qui date d’un peu plus de trois siècles et qui a imposé ses propres codes.

Faire rire et divertir

Le metteur en scène a rappelé à sa troupe que les acteurs de l’Illustre Théâtre avaient l’habitude de jouer à l’extérieur, sur des tréteaux, et que leur interprétation était teintée par la légèreté et le plaisir, des notions qu’on a bien sûr intégrées et qui ont amené une détente dans le travail des interprètes, chacun y allant de ses propositions, toutes collées sur leur personnalité propre. En bout de ligne, a-t-on souligné, les farces de Molière ne contiennent pas 600 messages et sont davantage destinées à divertir et à faire rire. Voilà donc pour l’essentiel.

Les Farces de Molière seront présentées du 14 au 18 décembre, au Théâtre Lionel-Groulx. Les billets sont en vente au Cabaret BMO, situé au 57, rue Turgeon, à Sainte-Thérèse. On peut aussi s’en procurer en ligne, au [http://www.odyscene.com], ou par téléphone, au 450 434-4006.