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La belle histoire!

La Belle Histoire!

La belle histoire!

Publié le 02/01/2018

Un condensé d’humanité, une fascinante saga (au sens le moins étymologique du terme) et des personnages riches et consistants, voilà ce qui attendait le public pour la première production de cette cuvée 2017-2018 des finissantes et finissants en Théâtre musical, du collège Lionel-Groulx, lesquels revisitaient Les quatre filles du docteur March, un spectacle que nous avons reçu, nous aussi, comme un cadeau avant Noël.

Un condensé d’humanité, une fascinante saga (au sens le moins étymologique du terme) et des personnages riches et consistants, voilà ce qui attendait le public pour la première production de cette cuvée 2017-2018 des finissantes et finissants en Théâtre musical, du collège Lionel-Groulx, lesquels revisitaient Les quatre filles du docteur March, un spectacle que nous avons reçu, nous aussi, comme un cadeau avant Noël.

C’est le sentiment qui habitait d’ailleurs le metteur en scène Sylvain Scott, comme le confiait ce dernier dans le programme de la soirée, un monsieur qui en connaît tout un chapitre sur la question, lui dont le nom est associé à maints spectacles musicaux depuis sa sortie de l’Option Théâtre, de Lionel-Groulx, en 1988.

Celui-ci nous invitait par ailleurs à observer, dans cette œuvre scénique présentée au studio Charles-Valois, cet «équilibre très fin entre les dialogues et les chansons» , un aspect qui n’a manifestement pas échappé à ses interprètes qui ont fort bien réussi l’exercice pas toujours évident d’incarner le personnage jusque dans les parties chantées.

S’émanciper, vivre sa vie…

Et des personnages savoureux, il y en a toute une galerie dans cette adaptation du metteur en scène qui fait la part belle à Joséphine (Jo), cette jeune femme déterminée, intimement convaincue que le chemin est déjà tracé pour elle et qu’une vie exceptionnelle l’attend.

Faire sa niche dans une société qui confine les femmes à un tout autre rôle (nous sommes tout de même en 1945 et l’histoire originale fait reculer tout ce beau monde jusqu’à la fin du XIX siècle) n’est certes pas de tout repos. Il faut bien du tempérament et… une certaine incapacité à contrôler son impulsivité pour arriver à ses fins. «Je ne suis pas toutes les jeunes filles!» , objecte la jeune femme à quiconque veut lui imposer quelque modèle de convenance, ce qui fait d’elle une féministe avant l’heure, certes, mais aussi l’incarnation la plus pure et la plus universelle du désir de s’émanciper, de vivre sa vie selon son désir profond, malgré les conventions sociales.

Du rire aux larmes

Impossible, donc, de ne pas tomber sous le charme d’un personnage aussi puissamment authentique et attachant (brillamment et simultanément rendu par Camille Cormier-Morasse, Frédérique Cyr-Deschênes et Marie-Pier Poulin), que l’on suit depuis l’adolescence jusqu’à la vie adulte, avec ses trois sœurs, sa mère, leur tante et leurs voisins, dans une succession de tableaux qui illustrent des moments charnières de la vie, des épisodes de bonheur autant que des moments tragiques et poignants, le tout prévoyant ici et là quelques soupapes, notamment grâce aux interventions comiques de personnages masculins légèrement typés tels M. Laurence (excellent Ludovic Jean, qui incarne aussi, avec beaucoup de justesse, le professeur Bhaer), ou encore, le très candide Laurie, qui permet à Maxime Gougeon d’exploiter ses multiples talents (jeu, danse et chant). Les autres s’acquittent aussi fort bien de leur tâche, Élodie Côté, Delphine Côté-Piché, Arianne Gratton, Frédérique Mousseau, Claudelle Rivard, Jobel Simo-Paris et Jade Villeneuve complétant cette très solide équipe.

Un spectacle complet

C’est en bonne partie pour ça que le charme a opéré, mais aussi parce que cette histoire est teintée d’une profonde humanité, de la première à la dernière scène, que la musique qui la soutient est absolument ravissante (ici, il faut saluer la prestation sans faille du pianiste et directeur musical Gaël Lépine, qui tient la partition pendant les deux heures et vingt minutes que dure le spectacle), que les interprètes y mordent à belles dents sans jamais forcer la note, que toute cette production, en fait, semble avoir été l’objet d’un souci constant de bien doser les choses. Quand on dispose d’une telle matière première, quand la vie (occidentale, nord-américaine, s’entend) est aussi bien portée à la scène et que l’on s’y reconnaît à ce point, un gros siècle et demi plus tard, à quoi bon en rajouter?