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Jorane sera en vedette à l’église Sainte-Thérèse-d’Avila, le samedi 18 mai, dans le cadre du Festival Santa Teresa.

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Entourée de 12 instrumentistes, Jorane propose une œuvre évolutive dont la création se poursuit devant le public.

Jorane: le chant de la mère

Publié le 15/05/2019

Détrompez-vous, nous ne sommes pas en train de vous annoncer la venue de la cigogne. C’est juste qu’en écoutant le dernier EP de Jorane (quatre chansons réunies sous le titre Hemenetset), on ressent un tel réconfort qu’on se prend à imaginer des choses.

C’est que, bercé par cette musique si enveloppante et apaisante, cette musique portant la voix de l’artiste en écho, cette voix qui se répand avec douceur en vous caressant l’épiderme, on a pratiquement l’impression de baigner dans le liquide amniotique!

«J’aime beaucoup cette image! C’est vrai qu’on est encore dans la matrice, dans la genèse du projet» , s’exclame l’artiste, qui sera l’une des têtes d’affiche du Festival Santa Teresa, dans le cadre d’un grand concert qu’elle présentera le samedi 18 mai, à l’église Sainte-Thérèse-d’Avila.

Elle y poursuivra cette expédition musicale entreprise à la Cinquième Salle de la Place des Arts, en février dernier, avec un équipage de douze instrumentistes (cordes, percussions, guitare, voix) auxquels se joindront d’autres créateurs (on parle ici de mouvement, de couleurs et de lumière) à qui elle désigne un territoire à explorer, quelque chose qui demeure structuré, mais élastique. L’ouverture et l’abandon (l’écoute, évidemment), voilà l’état d’esprit qu’il faut privilégier, qu’on soit sur la scène… ou dans l’assistance.

Le processus créatif

«J’ai décidé de quitter mon port. Je suis vraiment en voyage. Je vais à l’aventure» , de poursuivre Jorane en parlant de cette œuvre évolutive qu’elle peaufine devant nous, le public, en amenant la chose sur la scène. «C’est bien de partir à l’aventure, mais, à un moment donné, il faut s’arrêter et cartographier tout ça. Le EP est un premier jalon sur la carte» , exprime-t-elle.

La démarche, dira-t-elle, permet au public de vivre le processus créatif qui, pour elle, est tout aussi intéressant que l’éventuel produit final. «C’est important de monter sur le belvédère et d’avoir ce premier point de vue là» , suggère l’artiste, qui accepte aussi l’idée que cette façon de faire s’apparente aussi au processus de création en arts visuels. «Je suis encore en train de chercher sans savoir ce que je vais trouver. Je suis à l’étape de la curiosité. Je n’ai pas encore de but. J’ai envie de découvrir quelque chose qui n’est pas préétabli, de ne pas être en maîtrise de mes émotions, mais de laisser la musique me les dicter» , résume-t-elle (ne parlions-nous pas de gestation au début de cet article? ).

Et dans cette caisse de résonance particulière que représente l’église Sainte-Thérèse-d’Avila, Jorane envisage diverses possibilités. «J’ai l’impression qu’on va prendre davantage de pauses, justement, pour laisser résonner les accords, les laisser vibrer» , anticipe la créatrice qui s’enthousiasme à l’idée de toutes ces plages de liberté qui s’ouvrent devant elle, ce que la nature de ce projet rend hautement favorable.

Le langage émotif

Puisque vous êtes déjà familier avec l’univers de Jorane, vous savez que la compositrice joue divinement du violoncelle en chantant, d’une voix céleste, dans une sorte de langue qui n’est pas inventée, mais qui se crée elle-même sur le motif, une nuance qu’on saisit bien en discutant avec elle. En fait, c’est la voix qui, répondant à l’énergie ambiante, aux vibrations de la musique, module des sons qui deviennent des syllabes puis des mots, lesquels ne formulent pas une idée au sens où on l’entend, mais participent à l’élaboration d’un langage purement émotif.

C’est pour ça qu’on lui a ouvert les bras et le cœur, dès qu’elle est apparue dans notre paysage musical, à la fin des années 1990, un pari qui n’était pas gagné d’avance, à cause de la singularité de la chose. «On m’a fait une place» , reconnaît-elle, en supposant que cette proposition instrumentale a su trouver une oreille parce qu’elle s’ouvrait sur quelque chose d’indicible. «Là où les mots échouent, parce qu’ils n’ont pas la déclinaison parfaite, la musique peut passer et nous faire comprendre l’émotion. C’est comme du dessin ou de la peinture» , dit-elle en invitant les gens à ce concert: «J’ai hâte de jouer pour eux. Ce sera une fête. Je ne fais pas beaucoup de concerts, par les temps qui courent, alors j’ai vraiment hâte de vivre ce moment-là.»

Pour connaître toute la programmation du Festival Santa Teresa, qui accueillera encore une pléthore d’artistes, du 17 au 19 mai, et pour accéder à la billetterie, visitez le [http://www.santateresa.ca].