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Denis Bouchard :<strong> Détours et hasards</strong>

Denis Bouchard se prête volontiers au jeu des Rencontres de la création

Denis Bouchard : Détours et hasards

Publié le 13/03/2015

L’auteur, comédien et metteur en scène Denis Bouchard était de passage à la bibliothèque de Sainte-Thérèse, dans le cadre de la série des Rencontres de la création. Ces rendez-vous proposent un contact privilégié entre l’artiste et le public, qui est invité à s’entretenir avec ce dernier durant une portion de la soirée.

Animées par un Frédéric Lapierre toujours richement documenté, les Rencontres de la création sont une occasion en or de découvrir le parcours souvent original des membres de la colonie artistique québécoise.

C’est dans le sillage de la pièce La déprime, présentée au Théâtre Lionel-Groulx le 21 mars prochain, que M. Bouchard s’est présenté à la salle polyvalente de la bibliothèque le 10 février dernier. Il met en scène cette pièce, qu’il a d’abord écrite et jouée en 1981.

L’action se déroule dans un terminus d’autobus, où de multiples destins s’entrecroisent pour le meilleur ou pour le pire, un peu à l’image du cheminement professionnel de Denis Bouchard. «Vous n’avez pas de bon sens! Mais c’est positif!» s’exclame Frédéric Lapierre, en évoquant les innombrables projets auxquels l’artiste a pris part ou créés de toutes pièces.

«Élève exécrable», le «petit Denis» prend goût à faire rire ses camarades et se réfugie dans l’écriture lorsque les multiples déménagements de sa famille le privent de points d’ancrage. Au cégep, il se voit confier la responsabilité de l’auditorium et des spectacles présentés, concoctant des revues de variétés. Il canalise ainsi son surplus d’énergie, mais ne songe pas un instant à en faire un métier.

En effet, celui qui envisageait d’abord une carrière en psychologie se voit dévier de sa trajectoire, victime du succès remporté par les sketches qu’il écrit sur commande, au détriment de ses études! Et si son audition pour le Conservatoire d’art dramatique est catastrophique, il est néanmoins accepté à l’École nationale de théâtre.

Souvent découragé, il travaille avec acharnement, poussé par Marcel Sabourin à ne pas abandonner. Son diplôme en poche, Denis Bouchard trouve difficilement du travail. Il s’associe donc à un autre «rejet», en la personne de Rémy Girard, et une troupe est créée. Le reste est fait de détours et de hasards, et M. Bouchard se retrouve, entre autres, au cœur d’un marathon d’improvisation de cinquante heures, en 1988, à la tête des festivités d’une complexité incroyable du 400e anniversaire de Québec en 2007, dans la peau de René Lévesque en 1994.

Abandonnant momentanément le jeu après cette dernière expérience éprouvante, il se consacre à la mise en scène de spectacles de tout acabit, puis à la famille. Encouragé par son amie à vie, son phare, Guylaine Tremblay, il accepte finalement le rôle d’Hugo dans Annie et ses hommes, puis incarne Marc dans Toute la vérité.

Denis Bouchard continue toutefois de créer ses opportunités de travail selon ses désirs, initiant les projets autour de rôles qui lui font envie, d’auteurs qu’il affectionne car, dit‑il, le téléphone ne sonne pas. Ce faisant, il continue de repousser ses limites et d’apprendre, sortant toujours de sa zone de confort, car c’est l’insécurité qui, selon lui, est source de créativité. Et bien qu’il n’aime pas parler de lui, trouvant qu’il est lui-même moins intéressant que ce qu’il fait, Denis Bouchard se prête toutefois volontiers au jeu, pour le grand plaisir du public.