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C’est quoi… la beauté?

C’est Quoi… La Beauté?

C’est quoi… la beauté?

Publié le 28/11/2017

Ce titre en forme de question qui demeure momentanément sans réponse, c’est celle posée à son professeur par Francis, le personnage principal du nouveau roman de Luc Proulx, Le carnaval des masques, qui vient de paraître chez Soulières éditeur, lequel a classé le document au rayon des 12 ans et plus.

Ce titre en forme de question qui demeure momentanément sans réponse, c’est celle posée à son professeur par Francis, le personnage principal du nouveau roman de Luc Proulx, Le carnaval des masques, qui vient de paraître chez Soulières éditeur, lequel a classé le document au rayon des 12 ans et plus.

Les habitués de ce journal reconnaîtront le nom de notre ancien collègue qui s’est fait une jolie réputation d’écrivain depuis la parution, en 1996, de son premier roman intitulé Le fugueur, qui dépeignait l’univers méconnu des centres jeunesse et qui lui a permis de partir à la rencontre de ses lecteurs dans les écoles secondaires du Québec.

Un conte moderne

Cette fois, Luc Proulx signe un cinquième ouvrage en invitant son lectorat dans une polyvalente des Basses-Laurentides, là où se pointe un nouveau, prénommé Francis, vers qui soufflera un vent de méfiance exclusive du simple fait qu’il est laid, une condition pour le moins inconfortable quand on sait la désespérance qui peut accompagner, à cet âge-là, l’éruption d’un simple bouton d’acné.

Mais voilà, comme dans tout bon conte digne de ce nom, il se trouve que le jeune homme est supérieurement intelligent, ce qui fait contrepoids à sa laideur tout en lui valant l’amitié de Karine, à la fois fascinée par l’étrangeté repoussante de ce visage et ce qu’elle peut deviner dans la profondeur de son regard.

L’allusion au conte, ici, n’est guère anodine puisque Luc Proulx reprend un procédé qu’il avait utilisé dans Le fugueur, en juxtaposant une vieille légende québécoise à son récit, celle de Rose Latulipe, jeune femme frivole qui s’était entichée d’un beau jeune homme qui l’avait fait joliment tournoyer dans une soirée de danse, jusqu’après minuit de surcroît, quand sonnerait le début du carême, une période de privation et d’abstinence où le plaisir devient péché, un concept qui rend source dans les traditions chrétiennes. Or, derrière le masque de ce beau danseur se cachait le diable, qui entraînerait alors sa victime jusqu’en enfer.

Dans Le carnaval des masques, le diable s’appelle Steven, et c’est la meilleure amie de Karine, Sophie, qui se prendra dans les mailles du séducteur, jeune criminel par filiation, revendeur de drogue notoire, éminemment narcissique et surtout capable de violence. Sa présence inquiétante a tout ce qu’il faut pour mettre le lecteur en haleine, dans un récit qui s’attarde davantage à la question posée plus haut.

Une piste de réflexion

En jalonnant son histoire de moult références littéraires et philosophiques, en faisant aussi porter un masque à son personnage principal, qui s’en servira pour séduire, troubler et fasciner son entourage, l’auteur du Carnaval des masques amène progressivement son lectorat sur la piste d’une réflexion qui va plus loin que la simple définition de la beauté, mais qui appelle aussi à l’introspection, à la nécessité de se cultiver pour être en mesure de réfléchir, de s’exprimer et d’aspirer à la liberté.

Alors, c’est quoi, la beauté? Pour la comprendre, dirions-nous en empruntant cette citation à Francis lui-même, il faut avoir lu toutes les pages du récit.