Préférant se consacrer à de nouveaux projets, dont cette série Ab Irato, qui se déroule dans un Montréal de 2111, dans des rues à moitié immergées et avec une surpopulation qui cherche à survivre, le dessinateur québécois Thierry Labrosse a décidé de passer à autre chose, passant donc le flambeau de la série Moréa à un nouveau venu, le Belge Laurent Libessart. 
Cette série, rappelons-le, met en scène, dans les années 2082, la très belle et pulpeuse Moréa Doloniac, une employée d&#8217;une des plus grosses compagnies métanationales de la planète, la DWC, et aussi vague arrière-petite-nièce du fondateur de la boîte, Nathan Doloniac. Celle-ci manque, dès le premier épisode, d&#8217;être tuée lorsque des commandos exécutent, partout sur la planète, les membres de sa famille. Seule survivante, elle se retrouve donc à la tête d&#8217;une des principales puissances économiques, en plus d’être le jouet de deux factions qui manipulent l&#8217;humanité depuis des siècles, les Anges et les Dragons. Un bon thriller de science-fiction signé par le scénariste Christophe Arleston, de bons dessins de Labrosse, voilà ce qui, entre 2000 et 2007, a fait le succès de cette série. 
Voilà donc un tout nouveau cycle qui s’amorce, toujours avec une héroïne aussi aguichante (on est bien loin des Betty et Veronica des années 1970!), désormais bien installée à la tête de la société DWC et bénéficiant d’une grande influence au sein de la communauté des Dragons. Celle-ci voudra maintenant utiliser toutes les ressources à sa disposition pour préparer le futur des siens et leur retour sur leur planète d’origine. Mais au sein des Dragons, différentes factions s’affrontent et certaines ont d’autres plans pour l’avenir des immortels. Quitte à sacrifier Moréa…
Quatre ans après la parution du cinquième album, ce sixième titre de la série Moréa, intitulé La mort dans le sang (Soleil Productions), sur scénario d’Arleston et Latil, annonce certes un nouveau cycle avec l’arrivée du dessinateur Libessart. Mais l’action est toujours au rendez-vous, et Moréa toujours en beauté! Que demander de mieux?

Il y avait déjà les séries Boule et Bill, Cédric, Kid Paddle, pour ne nommer que celles-là, mettant en vedette des enfants. Puis, il y a eu Le petit Spirou, Gnomes de Troy, Ptits Bob et Bobette et, tout dernièrement, Gastoon, des séries dérivées inspirées de personnages de bande dessinée bien établis. Il faut maintenant ajouter à cette liste qui ne cesse de s&#8217;allonger Les aventures de Kid Lucky, une nouvelle série mettant cette fois en vedette l&#8217;homme qui tire plus vite que son ombre quand il était petit garçon. 
La série est signée par Achdé (Hervé Darmenton), bien connu pour sa série CRS = Détresse, mais aussi pour Fort Braillard, Doc Véto et Les damnés de la route. Également, il est connu pour illustrer les aventures du célèbre cow-boy solitaire depuis 2004 (quatre albums à ce jour). Cela n&#8217;est finalement pas vraiment étonnant quand on sait que Achdé a acheté, à l&#8217;âge de 9 ans, l&#8217;album Lucky Luke et Phil Defer. Son destin était alors, sans qu&#8217;il ne le sache, tout tracé&#8230; Pour la petite histoire, il est aussi bon de rappeler que le créateur de Lucky Luke, Morris (décédé en 2001), avait mis en scène de son vivant, au milieu des années 1990, deux aventures du petit Luke qui étaient alors restées sans suite. 
Dans le premier album de cette série Les aventures de Kid Lucky, intitulé L&#8217;apprenti cow-boy (Lucky Comics), Achdé nous propose donc de suivre Lucky Luke dans ses premières aventures alors qu&#8217;il n&#8217;était qu&#8217;un gamin. Il s&#8217;agit de gags d&#8217;une page, complétés, pour débuter, par une courte histoire de six pages racontant les origines du très célèbre cow-boy. Chacun des gags est accompagné, en bas de page, d&#8217;une rubrique ayant pour titre L&#8217;eusses-tu cru? et proposant une anecdote de l&#8217;histoire du Far West en relation justement avec le gag. Ajoutons à cela que la couverture de ce premier album est un amical clin d&#8217;œil à ce premier album de Lucky Luke acheté par Achdé quand il était justement enfant!
Une nouvelle série dérivée? Eh Oui! Mais quand c&#8217;est bien fait, quand c&#8217;est sympathique, quand cela fait sourire, difficile d&#8217;être tout à fait contre!

Les aventures de Kid Lucky

Éparpillés en Belgique, en France, en Italie et en Espagne, ceux-ci auront donc mis presque trois ans, chacun de leur côté, mais réunis par la magie d’Internet, à concocter les six albums de cette série pour le moins particulière. Le fil conducteur de cette série étant que les destins des Camille, Fouad, Darius, Park, Noah et Jonas vont se croiser et se nouer, et que, sans le savoir, ils peuvent faire basculer le sort de l’humanité tout entière. Les deux premiers albums mettent donc en scène Camille, une jeune Française résidant à Singapour, qui a la tâche de porter une lettre léguée par sa mère décédée à un homme qui pourrait être son père, et Fouad, un infirmier belge bénévole œuvrant au fin fond de la Colombie, qui doute des intentions de la richissime fondation humanitaire pour laquelle il œuvre. 
Bien que les deux premiers albums pourraient presque être des histoires distinctes, il faut se rappeler qu’elles font partie d’un immense casse-tête dont les pièces seront assez rapidement rassemblées, puisque les six personnages seront amenés à se rencontrer au fil des albums. Les deux premiers albums offrent des récits réussis et laissent entrevoir une suite intéressante. Le pari sera-t-il gagné? Disons que le seul fait d’avoir mis en branle un projet aussi ambitieux est déjà en soi un pari tout à fait réussi!