Publié originalement en 1972, La petite patrie est l’un des nombreux romans (plus de 25 en fait) que l’écrivain Claude Jasmin a écrits durant sa prolifique carrière. Ce roman autobiographique, qui a connu un vif succès à l’époque, raconte la vie du quartier montréalais qui a vu naître Claude Jasmin, tout près de la Petite Italie, situé dans le secteur des rues Jean-Talon et Saint-Denis. Ce quartier se nomme maintenant Rosemont–La Petite-Patrie. Jasmin en fera même une suite avec le téléroman La petite patrie, diffusé pendant deux ans (76 épisodes de 30 minutes) à la télévision de Radio-Canada, de septembre 1974 à mai 1976. Le téléroman a aussi connu un beau succès et a été depuis rediffusé à quelques reprises.
Dans ce roman, Claude Jasmin nous présente donc la vie d’un quartier populaire de Montréal au travers le regard d’un jeune garçon de 8 ans sur le monde qui l’entoure à l’aube des années 1940. La guerre, la religion, les jeux de ruelle, l’amour et la mort font alors partie du quotidien du jeune Claude.
Avec la complicité du scénariste, réalisateur et metteur en scène Normand Grégoire, Julie Rocheleau, qui réside et travaille incidemment dans le quartier Rosemont–La Petite-Patrie, s’attaque ici à un roman pour le moins célèbre. Les deux bédéistes, dans une adaptation graphique dont seule Julie Rocheleau est capable, nous offrent ici, avec ce one-shot intitulé tout simplement La petite patrie (Éditions de la Pastèque), un récit pour le moins réussi, et cela en quadrichromie, un fait plutôt rare en bande dessinée.
Le rythme du récit est vif, bien soutenu, porté par des séquences d’images fortes que Julie Rocheleau a pris l’habitude d’offrir ces dernières années aux lecteurs avec la fameuse trilogie La colère de Fantômas. Ici et là, au travers du quotidien de Claude, on verra aussi, à l’arrière-plan, des scènes évocatrices de cette époque, comme ce jeune homme qui part pour la guerre et, un peu plus loin, ces deux soldats qui apprennent aux parents le décès de leur enfant, ou encore, au fil des jours, des personnages aujourd’hui disparus de notre quotidien, comme ce guenillou et ce marchand de légumes ambulant qui illuminaient le quotidien des enfants du quartier.
Un fort beau récit qui a surtout le mérite de faire honneur à un roman et un auteur tout aussi méritant! Certes un beau cadeau que reçoit ici Claude Jasmin, toujours actif avec son propre blogue, qui célébrera ses 85 ans le 10 novembre prochain!
Autres bulles à découvrir…
• La colère de Fantômas, tome 3: À tombeau ouvert (Dargaud). Scénario: Olivier Bocquet; dessins: Julie Rocheleau.
• Châteaux Bordeaux, tome 6: Le courtier (Glénat, collection Grafica). Scénario: Corbeyran; dessins: Espé.
• Louca, tome 4: L’espoir fait vivre (Dupuis). Scénario et dessins: Bruno Dequier.